mise à jour : 1 février 2022
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- Observables

Occultations

Auteurs: Loïc Rossi, Emmanuel Marcq

definitionLa méthode des pelures d'oignon

L'observation d'une occultation au cours du lever (ou du coucher) de la source à travers l'atmosphère d'une planète permet d'inverser le profil vertical d'extinction k_{\mathrm{ext}}(z;\lambda) = n(z) \sigma_{\mathrm{ext}}(\lambda) à la longueur d'onde \lambda à partir de l'observation des transmissions t(z_i,\lambda) selon différentes altitudes tangentesz_i (altitude minimale du rayon lors de sa traversée de l'atmosphère). Un des algorithmes permettant cette inversion est appelé méthode des pelures d'oignon : on découpe l'atmosphère en coquilles sphériques concentriques homogènes à la manière d'un oignon. L'altitude tangente z_0 la plus élevée pour laquelle on mesure \tau(z_0,\lambda) > 0 permet de déduire l'extinction locale k_{\mathrm{ext}}(z_0,\lambda) au sein de cette couche la plus extérieure. La profondeur optique observée juste en-dessous, à l'altitude tangente z_1 < z_0, est alors un peu plus grande. Comme on connaît déjà k_{\mathrm{ext}}(z_0,\lambda), on en déduit k_{\mathrm{ext}}(z_1,\lambda) pour la couche immédiatement intérieure. Et ainsi de suite jusqu'au rayon le plus bas pour lequel on puisse mesurer une transmission t(z_N,\lambda) > 0.

La mesure des profils d'extinction k_{\mathrrm{ext}}(z,\lambda) dans l'atmosphère permet alors d'en déduire plusieurs paramètres importants :

  • si on connaît la section efficace d'exinction \sigma_{\mathrm{ext}}(\lambda) du constituant responsable de l'extinction, on peut en déduire sa densité locale n(z) = \frac{k_{\mathrm{ext}}(\lambda)}{\sigma_{\mathrm{ext}}(\lambda)}. Si, en plus, le constituant responsable de l'extinction est bien mélangé, alors on sait que son profil vertical n(z) suit la loi hydrostatique, c'est-à-dire une décroissance verticale localement exponentielle selon l'échelle de hauteur atmosphérique locale H(z) = \frac{RT(z)}{Mg} . La décroissance de n(z) avec l'altitude nous donne alors accès à H(z) et par conséquent au profil thermique T(z) au sein des couches sondées.
  • pour une espèce i dont le rapport de mélange q_i(z) = \frac{n_i(z)}{n_{\mathrm{TOT}}(z)} n'est pas verticalement uniforme, la mesure de son profil d'extinction k_{\mathrm{ext ; i}}(\lambda,z) et la connaissance de sa section efficace d'extinction \sigma_{\mathrm{ext ; i}}(\lambda) permettent d'en déduire n_i(z). On peut alors en déduire q_i(z) si n_{\mathrm{TOT}}(z) est connu par ailleurs, par exemple grâce à la mesure du profil n(z) d'un constituant bien mélangé et de rapport de mélange connu. q_i(z) est traditionnellement exprimé en ppmv (parties volumiques par million) pour des constituants mineurs, en pourcentage volumique sinon.
  • En dehors de l'extinction causée par les gaz, cette méthode donne aussi accès à l'extinction causée par les nuages et brumes (appelés collectivement aérosols) éventuellement présents dans l'atmosphère. Si les mesures des profils d'extinction sont faites à des longueurs d'onde assez éloignées les unes des autres, il est possible de remonter aux propriétés optiques des particules responsables de l'extinction car celles-ci varient habituellement de façon assez faible selon la longueur d'onde (contrairement par exemple aux gaz et leurs nombreuses raies spectrales). Une fois la section efficace d'extinction de ces particules ainsi contrainte, il est possible de déduire à partir des profils d'extinction mesurés le profil de densité volumique des aérosols au sein de l'atmosphère à condition de supposer ou d'avoir par ailleurs accès aux propriétés des diffuseurs individuels (forme, distribution statistique en taille, composition chimique ou au moins indices de réfraction).

Ces occultations sont donc une méthode précieuse de sondage atmosphérique, mais assez délicate à mettre en oeuvre. Il faut en effet pouvoir mesurer de nombreuses transmissions précisément, tout en connaissant parfaitement chacune des altitudes tangentes. Ceci n'est en général possible que pour un satellite en orbite autour de la planète, et nous restreint donc au système solaire.

Méthode dite "par pelure d'oignon"
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Visualisation géométrique de la méthode d'inversion surnommée "par pelure d'oignon" : la transmission observée t(z_1) permet, connaissant l'épaisseur traversée, de remonter à k_{\mathrm{ext}}(z_1). À partir de là, la transmission t(z_2) permet, connaissant k_{\mathrm{ext}}(z_1), d'en déduire k_{\mathrm{ext}}(z_2) et ainsi de suite.
Crédit : Emmanuel Marcq CC-BY-SA
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