Supposons une interface entre deux milieux d'indices respectifs et . Un rayon arrive sur cette interface avec un angle par rapport à la normale à l'interface. Une partie est réfléchie avec un angle et une partie est réfractée avec un angle .
Dans le cadre de l'optique géométrique, les lois de Snell-Descartes énoncent que :
Une onde électromagnétique incidente peut être décrite sous la forme suivante : où , et où et sont le vecteur d'onde et le vecteur position respectivement. est le module du vecteur de champ électrique incident.
Par la suite on notera avec le module du champ électrique réfléchi par l'interface et le module du champ transmis par l'interface. On va définir deux coefficients : le coefficient de transmission et le coefficient de réflexion , tels que :
Pour déterminer l'expression de et de on va s'intéresser à deux cas de polarisation de l'onde incidente.
Si on suppose que l'onde incidente est polarisée perpendiculairement au plan d'incidence, on a : .
À l'interface entre les deux milieux, et à partir des lois de Maxwell, on a des relations de continuité entre les différentes composantes des champs électrique et magnétique. Ainsi, les composantes tangentielles du champ électrique se conservent. Les champs électriques étant déjà parallèles à l'interface, on a donc : (1).
(1)
En ce qui concerne le champ magnétique, ce sont les composantes normales qui sont conservées. Comme est perpendiculaire à , les champs magnétiques incidents, transmis et réfléchis sont dans le plan d'incidence et on a, par projection sur l'axe (Oz) :
(2) où est l'angle de réfraction.
Par ailleurs, l'équation de Maxwell-Faraday permet d'établir que . On peut alors écrire :
.
En remplaçant par son expression en (1), on peut écrire : . Ce qui devient, après quelques arrangements :
et donne finalement les coefficients de réflexion et de transmission, dits coefficients de Fresnel :
Si on suppose maintenant que la polarisation du champ est dans le plan d'incidence, on aura : .
Pour le champ magnétique, on a la relation de continuité liant les composantes tangentielles du champ avec le courant surfacique parcourant l'interface. Ici, ce courant est nul, ce qui nous permet d'écrire que :
(1)
ainsi que (2)
En utilisant à nouveau la relation , on peut écrire :
L'équation (2) devient quant à elle, avec la même astuce :
(4)
En utilisant les expressions (3) et (4) on retrouve les deux autres coefficients de Fresnel :
Les coefficients de Fresnel mettent à jour un cas particulier. En effet si , on a ! L'onde polarisée parallèlement au plan d'incidence (perpendiculairement à l'interface) est totalement transmise ! Cet angle particulier porte le nom d'angle de Brewster d'après David Brewster qui l'a mis en évidence le premier.
Les coefficients calculés ci-avant sont des coefficients de réflexion et de transmission en amplitude des ondes. Or on mesure généralement l'intensité de la lumière. On va donc utiliser des considérations énergétiques (conservation de l'énergie notamment) pour définir les coefficients de réflexion et transmission à l'interface.
Les deux cas étudiés précédements sont applicables au cas général où la lumière n'est pas polarisée. En effet, on peut considérer la lumière naturelle comme ayant une composante polarisée parallèlement au plan d'incidence et une composante polarisée perpendiculairement au plan d'incidence.
C'est l'étude de la lumière transmise ou réfléchie par un corps dans différentes polarisations qui va fournir des informations sur le milieu, car les coefficients de Fresnel dépendent de la géométrie, mais aussi des caractéristiques des milieux, via et .
On peut s'intéresser à la polarisation du rayonnement thermique issu d'un corps. Normalement le rayonnement thermique n'est pas polarisé, mais la traversée du milieu (le sol par exemple) va le polariser et l'on va pouvoir mesurer cet effet. C'est ce qui est utilisé par exemple par la sonde Cassini qui étudie Titan.
On va donc s'intéresser à la transmission du corps en fonction de la géométrie d'observation et de son indice de réfraction (ou sa permittivité électrique). On parlera alors d'emissivité du corps.
On mesure généralement le degré de polarisation où est l'émissivité en polarisation parallèle ou perpendiculaire au plan de diffusion.
On peut également utiliser cette méthode de façon active en envoyant une onde polarisée sur une surface avec un radar et en étudiant la réflexion de cette onde sur le corps étudié. (Donner Exemple)
Pour étudier les processus de diffusion tels que la diffusion de Rayleigh ou de Mie, on va utiliser le paramètre de taille , où est le rayon du diffusant et la longueur d'onde du photon incident. Le paramètre de taille permet de distinguer le régime de Rayleigh et celui de Mie :
La diffusion Rayleigh se produit dans le cas de diffuseurs petits par rapport à la longueur (), ayant un indice de réfraction proche de l'unité ou satisfaisant .
Lorsqu'un onde électromagnétique rencontre le diffuseur, elle génère un dipôle électrostatique de moment , où est le champ électrique incident et α la polarisabilité du diffusant. Ce dipôle va rayonner une onde de même fréquence dans toutes les directions. Cependant, l'intensité et la polarisation de l'onde rayonnée vont dépendre de l'angle de diffusion.
On peut montrer que la fonction de phase est , où Θ est l'angle de diffusion.
En ce qui concerne la polarisation, on va considérer que la lumière incidente est non polarisée (ce qui est vrai pour la lumière solaire) et considérer les directions parallèle et perpendiculaire au plan de diffusion, que l'on va noter avec les indices et respectivement. La composante diffusée polarisée perpendiculairement au plan de diffusion, ne dépend pas de Θ, tandis que évolue en . Dès lors, si on s'intéresse au degré linéaire de polarisation, on aura :
Ceci rend compte du maximum de polarisation observé par diffusion Rayleigh pour un angle de phase de 90°.