Les exoplanètes, comme les planètes et autres corps de notre système solaire sont soumises à loi de la gravitation ou attraction universelle. Cette loi a été historiquement formalisée par Isaac Newton en 1687. Elle permet de modéliser, de façon générale, l'attraction entre des corps ayant une masse et, par conséquent, décrire le mouvement des corps massiques soumis aux forces de gravitation. Dans les pages qui suivent, le principe fondamental de la dynamique est utilisé pour étudié le mouvement de deux corps massiques isolés et démontrer les lois de Kepler.
On cherche à étudier le mouvement de deux corps de masses et assimilés à deux points matériels localisés aux points et qui sont leur centre de gravité. Le système de ces deux corps étant isolé on fait l'étude dans un référenciel supposé Galiléen d'origine arbitraire.
Les forces en présence
Lorsque deux corps massiques sont en présence l'un de l'autre, l'effet de la gravitation qui agit sur ces corps se traduit par une force d'attraction. Si ces deux corps sont assimilés à des points matériels localisés en leur centre de gravité, cette force est proportionnelle aux deux masses en jeu et inversement proportionnelle à la distance au carré entre les deux points.
Cette force explique aussi bien la chute des corps sur Terre que le mouvement d'une planète autour de son soleil ou d'une lune autour de sa planète.
On a la force exercée par sur , et, par symétrie, la force exercée par sur ,
La constante de gravitation universelle est
On remarque que en accord avec la loi de l'action et de la réaction pour un système isolé.
Dans ce référentiel (), le principe fondamental de la dynamique appliqué aux deux corps donne donc deux équations couplées
L'objectif est de connaître la position des centres de gravité et de en fonction du temps.
Le choix du référentiel de travail - Réduction à un problème à un corps
Si on considère l'ensemble des deux corps, le centre de gravité (ou barycentre) est défini de la façon suivante :
On dérive deux fois par rapport au temps et on utilise le fait que , on obtient alors
Ce qui traduit le fait que le barycentre est en mouvement rectligne et uniforme dans le référentiel (). Le repère barycentrique () dont l'origine est le centre de gravité des deux corps est donc lui aussi Galiléen.
On choisit de travailler dans le repère () ce qui permet de découpler le mouvement du barycentre des mouvements relatifs des deux corps.
Les équations du mouvement dans le repère barycentrique ()
On note ,
et on introduit
soit
Avec ces notations, les équations du mouvement dans le repère barycentrique deviennent :
L'expression des forces d'attraction gravitationnelle permet de réécrire ce système sous la forme :
et d'obtenir par différence
Cette équation peut être interprétée comme l'équation du mouvement d'un corps ponctuel fictif de masse (appeléee masse réduite du système) soumis à la force , soit . Dans la suite, ce point fictif sera noté .
Le problème à deux corps se réduit donc à un problème à un corps fictif unique. On aboutit à une équation unique pour le mouvement de dans laquelle n'apparait que l'inconnue .Cette équation est valable dans le repère baycentrique ().
L'expression de la force de gravité permet a priori de modéliser l'interaction entre plusieurs corps (étoiles, planètes, lunes, petits corps ...). Cependant, seul le problème à deux corps peut être mathématiquement résolu sans approximation.
On suppose ici que
Dans le repère barycentrique, le point qui correspond au corps le plus massif est immobile. En effet, la position du centre de gravité est confondue avec celle du corps le plus massif, comme le montre le calcul suivant.
devient
La masse du point est très voisine de celle du corps le plus léger. En effet,
Le corps 2 est donc en orbite autour du corps 1 dont le mouvement est négligeable. Cette situation particulière se présente fréquemment dans le cas d'une planète en interaction avec son étoile qui est souvent nettement plus massive qu'elle.
On part de l'équation obtenue précédemment dans le repère barycentrique ().
Le vecteur position est défini à partir du centre de gravité qui l'origine du repère.
est l'inconnue dont il faut déterminer l'évolution en fonction du temps.
On démontre en utilisant le théorème du moment cinétique que la trajectoire du point est plane. C'est la première loi de Kepler.
Le moment cinétique d'un point en mouvement est défini, pour un repère particulier et par rapport à l'origine du repère, de la façon suivante . Le théorème du moment cinétique (qui se déduit des lois de la mécanique) exprime le fait que la dérivée de ce moment cinétique est le produit vectoriel du rayon vecteur et de la force .
Pour le cas qui nous intéresse, dans le repère barycentrique () au point , on a donc
puisque
Le produit vectoriel de deux vecteurs colinéaires étant nul, on obtient . est donc un vecteur constant.
Or, du fait du produit vectoriel, le vecteur doit être orthogonal à chacun des vecteurs et . On montre ainsi que le plan défini en tout instant par les deux vecteurs et est invariant (orthogonal à l'axe défini par ce vecteur constant ). C'est le plan dans lequel le point évolue.
En conclusion, la trajectoire du point est bien plane.
A partir du moment cinétique, il est aussi possible de démontrer la loi des aires.
Nous avons démontré précédemment que la trajectoire du point restait dans un plan fixe qui est perpendiculaire à la direction du moment cinétique constant. Dans ce plan, il est donc possible de décrire le mouvement en coordonnées polaires. l'angle polaire sera noté ν (il s'agit de l'anomalie vraie définie dans La première loi de Kepler )
Dans ce système de coordonnées, on a , et
Il est possible dès à présent de simplifier l'experssion de l'accélération puisque la force n'a pas de composante que selon l'axe . On a
Avec ces notation, le moment cynétique constant s'écrit .
On démontre ainsi, puisque est un vecteur constant, que la quantité (appelée vitesse aréolaire) reste constante lors du mouvement du corps autour du point .
Or est l'aire balayée pendant la durée dt par le vecteur .
On en déduit donc que la surface balayée (en rouge sur la figure) pendant un temps donné est constante le long de la trajectoire et égale à . C'est la loi des aires de Kepler.
Remarque 1 : On peut également noter que si est une constante, alors le signe de est constant, ce qui traduit le fait que la rotation s'effectue toujours dans le même sens.
Remarque 2 : On peut utiliser la relation pour exprimer les dérivées de et de par rapport au temps et réecrire l'accélération du point en introduisant la fonction . en notant en notant
L'accélération devient alors . Cette expression sera utilisée par la suite pour trouver l'équation de la trajectoire du point .
Les solutions de l'équation du mouvementpermettent de déterminer la façon dont la position du point déterminée par les deux variables et évolue au cours du temps. Cependant, la résolution de cette équation différentielle, n'est pas possible analytiquement. Nous allons donc nous focaliser sur la relation entre la distance r et l'angle polaire qui modélise la trajectoire du point dans le plan de l'orbite.
Le résultat recherché est obtenu en utilisant la fonction introduite précédemment. Avec cette nouvelle variable, l'équation devient
soit après simplifications :
Remarque : Cette équation peut également être obtenue en utilisant la conservation de l'énergie mécanique (cinétique+potentielle) du point
L'équation à résoudre est une équation différentielle du second ordre (présence de ) à coefficients constants avec second membre constant .
La solution de cette équation est la somme d'une solution particulière de l'équation complète avec second membre et de la solution générale de l'équation sans second membre. On choisit comme solution particulière la solution constante égale à .
La solution générale de l'équation sans second membre est une fonction sinusoïdale de phase à l'origine et d'amplitude qui dépendent des conditions initiales du problème.
Au final, on obtient donc une solution de la forme .
Il est maintenant possible de repasser à la fonction et on obtient l'équation en polaire d'une conique :
Par identification aux paramètres de l'équation classique de l'ellipse , on a
et
Difficulté : ☆☆
Vous vous intéressez à la trajectoire du corps fictif de masse qui est en orbite autour du centre de gravité du système isolé planète-étoile, ceci dans le cas particulier d'une orbite circulaire.
Utilisez la relation pour montrer que, dans le cas d'une trajectoire circulaire, la vitesse est constante en module sur toute la trajectoire circulaire suivie par le point fictif autour du centre de masse des deux corps. Exprimez cette vitesse en fonction du rayon du cercle suivi par .
Exprimer la période de l'orbite (temps mis par le corps pour parcourir une fois le cercle).Vérifier, toujours dans le cas d'une trajectoire circulaire, la deuxième loi de Kepler.
Dans le cas particulier où ce point est confondu avec le centre de gravité de la planète ( ), simplifier les expressions obtenues précédemment.
Les animations ci-dessous montrent l'effet de cette force d'attraction en fonction du rapport des deux masses en jeu. La croix rouge imobile correspond au centre de gravité (barycentre) de l'ensemble.
Pour faire les calculs du mouvement d'une planète et de son étoile nous nous avons choisi un repère approprié pour simplifier les calculs (centre du repère au centre de masse, deux axes dans le plan de l'ellipse, ...), il faut maintenant tenir compte du fait que cette ellipse possède une certaine orientation dans l'espace et compléter la liste de paramètres que nous avons pour l'instant. Une orbite elliptique est décrite au moyen de deux plans (le plan de l'orbite et le plan de référence) et de six paramètres
Description de l'ellipse et du mouvement du corps dans le plan orbital
Description du plan orbital
L'orientation du plan orbital est donnée par rapport à un plan de référence.
Orientation du plan orbital par rapport au plan de référence
le transit désigne le passage d'une planète entre son étoile et nous. L'observation consiste à mesurer la variation du flux stellaire lors de ce passage de façon à obtenir des informations sur la planète étudiée et son orbite. La première planète ainsi découverte est HD209458b en 2000 (Charbonneau et al. 2000). Le principe est illustré sur la figure ci-dessous. Cette méthode permet de détecter la présence d'une exoplanète en orbite autout de son étoile et d'avoir accès à certains paramètres de l'ellipse. Pour en savoir plus, voir cours sur la méthode de détection des exoplanètes par la méthode des transits.
Dans notre système solaire, on peut observer depuis la Terre le transit des planètes Mercure et Vénus qui sont sur des orbites plus proches du soleil que celle de la Terre. Johannes Kepler a été le premier à prédire et pouvoir observer le transit de Mercure en novembre 1631, ainsi que celui de Vénus un mois plus tard.
Principe : On mesure par effet Doppler la vitesse d'éloignement ou de rapprochement de l'étoile, on peut détecter ainsi qu'il y a une planète en orbite et estimer la période de révolution. Pour en savoir plus,voir cours sur la méthode de détection des exoplanètes par la méthode des vitesses radiales.
Le cas d'un problème à deux corps, qui a été traité précédemment et qui permet de démontrer les lois de Kepler, est une approximation valable lorsque l'on peut négliger les forces de gravitation dues aux autres corps.
Le problème à N (N>2) corps se pose lorsque N corps massifs interagissent sans que l'on puisse a priori négliger certaines de ces interactions. Dans ce cas, on a un système de N équations à N inconnues qui sont les positions des centres de gravité des N corps de masse .
avec
Trouver analytiquement les solutions de ce système d'équations est impossible dans le cas général. Il faut recourir à des méthodes de résolutions approchées (perturbatives ou numériques).
Dans le cas particulier du problème à trois corps, on s'intéresse ici au mouvement d'un corps 'test' de masse négligeable qui subit l'attraction de deux corps plus massifs et. Le fait que la masse du corps soit négligeable permet de considérer que les mouvements de et ne sont pas perturbés par la présence de .
Pour simplifier la présentation du problème, nous allons nous restreindre au cas où est l'étoile et une planète, beaucoup moins massive, est en orbite circulaire autour de son étoile.
Le mathématicien Joseph-Louis Lagrange (1772) étudie ce problème. Il montre qu'il existe 5 points, dits de Lagrange (notés à ), pour lesquels les forces d'attraction de et se combinent de façon à ce que le corps "test" de masse négligeable ait la même période de révolution que les deux autres corps et les suive donc dans leur mouvement autour du centre de gravité de et.
En contradiction apparente avec les résultats obtenus dans le cadre du problème à deux corps, on peut trouver des corps de masse négligeable qui ont donc une période de révolution égale à celle de la planète mais qui ne sont pas sur la même orbite.
On montre que les points , et (parfois appelés Points d'Euler) correspondent à des positions instables alors que les points et correspondent à des positions stables. Les positions de ces deux derniers points ne dépendent pas des masses des points et. Dans le cas, du système Soleil/Jupiter, ce sont au voisinage de ces points que se trouvent les nombreux astéroïdes troyens qui suivent (ou précèdent) la révolution de la Terre autour du Soleil. D'autres planètes du système solaire sont suivies ou précédées également par des petits corps troyens (la liste des troyens détectés à ce jour dans notre système solaire est disponible sur le site du Minor Planet Center )
Appliquette Système Solaire
Vous allez utiliser l'appliquette pour visualiser les points de Lagrange (astéroïdes Troyens) stables et instables d'un système étoile-planète.
Attention : Cette appliquette utilise un système d'unités arbitraire pour les distances, vitesses, masses et temps de façon à ce que les valeurs numériques restent inférieures à un millier.
Choisissez pour commencer le système 'astéroïdes Troyens' proposé par l'appliquette
Laissez évoluer ce système, sans modifier les conditions initiales, jusqu'à 100 unités de temps pour vérifier que les deux petits corps positionnés aux points de Lagrange et ont bien la même période de révolution autour de l'étoile que la planète.
Vérifiez qu'initialement les trois corps ont des vitesses très voisines.
Modifiez la masse de l'un des astéroides (de 0.001 à 1 par exemple) et observer le changement qui apparait après un temps suffisamment long d'environ 50 unités. Expliquez ce qui se passe et proposez une explication.
Vous allez maintenant utiliser l'appliquette afin d'étudier les mouvements d'un corps de masse négligeable au voisinage des points de Lagrange instables et (situés de part et d'autre de la planète sur l'axe entre la planète et l'étoile).
Créez pour commencer un système à deux corps avec les valeurs numériques suivantes pour l'étoile et la planète : , , , . Trouver (en tâtonnant) une valeur de la vitesse initiale qui permet d'avoir une orbite quasi-circulaire pour la planète. Vérifiez que l'orbite de autour de est voisine d'une orbite circulaire.
Etude des points de Lagrange et
Vous allez maintenant ajouter à ce système un troisième corps de masse très faible aux positions qui correspondent aux points de Lagrange et .
On peut montrer par méthode perturbative que les positions de et par rapport au centre de masse du système étoile-planète sont données par les développements limités suivants:
et
avec
Calculer la valeur de et pour la configuration que vous allez simuler.
Ajoutez dans le système à deux corps, un point de masse négligeable sur l'axe étoile-planète à la position que vous avez précédemment calculée. Donnez à ce petit corps une vitesse initiale quelconque et observez ce que donne la simulation. Etudiez, en prenant quelques valeurs de vitesse différentes, l'impact sur la trajectoire du petit corps. Trouvez une valeur de vitesse initiale qui permet à ce petit corps d'avoir une vitesse angulaire proche de celle de la planète en révolution autour du soleil (au moins pendant une courte durée)
Reprennez les questions précédentes pour la position que vous avez calculée.
pages_mecanique-orbite/exercicecirculaire.html
L'accélération en coordonnées polaires s'écrit de façon générale . Lorsque le mouvement est circulaire est une constante.
L'accélération subie par le point est colinéaire à du fait de la force centrale et ne dépend que de . Pour un mouvement circulaire, on a de plus , la force est constante en module. .est une constante, le mouvement circulaire est donc obligatoirement uniforme. La vitesse est égale à , d'où D'ou la relation . Il est également possible de faire le calcul de cette vitesse est d'utiliser la conservation de l'énergie mécanique : cinétique + potentielle de gravitation.
La circonférence d'un cercle est égale à .
Le temps mis pour faire un tour est . . C'est la troisième loi de Kepler qui dit que
On trouve et .
pages_mecanique-orbite/lagrange.html
La position des points de Lagrange est obtenue en considérant que la masse des astéroïdes est négligeable. Si on l'augmente, l'approximation n'est plus valable.
convient.
On trouve et
par exemple
par exemple