Ces modules traitent des planètes comme lieu de vie.
Y-a-t-il de la vie ailleurs que sur Terre ?
Avec les récentes détections de planètes telluriques depuis la Terre ou par le télescope spatial Kepler, cette question ancestrale prend tout son sens. Nous savons à présent que la plupart des étoiles sont entourées de planètes rocheuses comme la Terre. Cependant, de nombreuses questions demeurent : Les conditions propices à la vie sont elle fréquentes ou exceptionnelles ? Où faut-il chercher ? A quoi ressemblent les objets, dans notre galaxie, capables d’héberger la vie ? Ce cours propose d’identifier les différents critères à réunir pour qu’une planète (ou une lune) soit susceptible d’héberger de la vie.
Une planète sera dite “habitable” si y sont réunies un ensemble de conditions qui la rendent propice à l’apparition et au maintien de la vie telle que nous pouvons l'imaginer et la reconnaitre. Cela ne signifie pas pour autant que la vie va effectivement s’y développer !
La vie telle que nous pouvons l'imaginer (et la reconnaitre) à partir de notre expérience terrestre se base sur la chimie du carbone en solution dans l'eau liquide et une évolution par réplication/reproduction. Pour être habitable, une exoplanète doit donc vérifier simultanément quatre critères : Avoir du carbone, de l'eau liquide, une source d'énergie et une surface solide ou liquide.
I. Elle doit contenir du carbone. Le carbone est présent dans 95% des composés chimiques connus à ce jour et est un élément chimique indispensable à la vie. D'une part, chaque atome de carbone est capable de former quatre liaisons moléculaires. D'autre part, les atomes de carbone forment avec les autres atomes (oxygène, hydrogène, ... mais aussi carbone !) des liaisons dont la stabilité n'est ni trop grande, ni trop faible. Ce sont ces deux propriétés qui sont à l'origine de la richesse de la chimie du carbone, justement appelée chimie "organique". D'autres atomes, comme par exemple le silicium sont eux aussi capables de créer simultanément 4 liaisons. Le silicium forme cependant avec certains atomes (notamment l'Oxygène) des liaisons beaucoup trop stables pour pouvoir permettre une diversité de composés chimiques nécessaire à la vie.
II. Une planète habitable doit avoir de l'eau liquide stable, à sa surface sous forme d'océans ou de lacs, ou dans des nappes d'eau souterraines. Sur Terre, l'eau liquide est indispensable à la vie telle que nous la connaissons. En son absence, il n'existe aucune activité biologique ni reproduction. Certains organismes peuvent survivre desséchés à l'état de "spores", mais leur métabolisme est stoppé. Inversement, presque partout où l'eau liquide est présente, même à grande profondeur sous-terre, ou dans des conditions extrêmement chaudes, acides, salées, etc.. la vie est active. L'eau liquide semble ainsi être la condition nécessaire et suffisante pour la vie terrestre telle que nous la connaissons. En effet, en l'état actuel de nos connaissances, l'eau liquide est le seul solvant permettant une chimie aussi riche que la biochimie. L'eau possède un moment dipolaire élevé. Cela lui permet de former des liaisons hydrogène, ingrédient nécessaire pour 1) stabiliser les molécules d'eau entre elles et 2) stabiliser les macromolécules (briques du vivant). Ensuite, l'eau sous sa forme liquide est stable pour une grande gamme de températures et de pressions, à des températures propices à une chimie relativement rapide.
III. Il faut une source d'énergie (lumineuse, chimique, ...) pour initier la synthèse et le développement des molécules organiques qui constituent la base de la vie.
IV. Il est difficile de concevoir que la vie puisse se développer sur une planète gazeuse. En l'absence de surface liquide ou solide stable, il faudrait par exemple que la vie profite de gouttelettes nuageuses. Cependant, celles ci étant sans cesse en train de s'évaporer et de se reformer, les conditions semblent insuffisamment stables dans le temps pour que la vie puisse apparaître et se développer.
Pour la vie telle que nous pouvons l'imaginer, une planète (ou une lune, par extension) sera donc habitable si elle héberge de l'eau liquide. Cependant, les environnements où l'eau liquide est présente n'offrent pas tous les mêmes avantages pour l'apparition de la vie et son évolution. On peut ainsi distinguer quatre catégories de corps habitables.
D'abord, il y a les planètes/lunes similaires à la Terre, capables de conserver de l'eau liquide à leur surface. Les éventuels êtres vivants peuvent alors utiliser l'énergie lumineuse venue de l'étoile hôte, qui est essentielle car moteur de la photosynthèse. Sur Terre, la quasi-totalité des organismes vivants fonctionnent, directement ou indirectement, grâce au mécanisme de photosynthèse. C'est cette source d'énergie considérable qui a permis à la vie de modifier l'atmosphère et la surface de notre planète.
Les planètes/lunes de cette catégorie ont un jour possédé des caractéristiques similaires à celle de la Terre (catégorie 1) mais ont par la suite perdu leur eau liquide en surface. Sur ces planètes, la vie a pu apparaître et se développer en surface, et ensuite envahir le sous-sol (la vie est abondante sur Terre jusqu'à parfois plusieurs kilomètres de profondeur). Lorsque la surface est devenue inhabitable, la vie a pu subsister en profondeur là où l'eau liquide est restée présente. C'est peut-être le cas pour Mars, cas qui sera détaillé dans la suite de ce cours.
Dans cette catégorie, on trouve les planètes/lunes qui possèdent un océan d'eau liquide sous une couche de glace en surface, et en contact direct avec un noyau rocheux. Europe (satellite naturel de Jupiter) et Encelade (autour de Saturne) appartiennent à cette catégorie. Sur ces corps, la température à la surface est inférieure à -100°C, mais l'eau est maintenue liquide en profondeur par l'énergie thermique générée par la dissipation des marées gravitationelles due à l'excentricité de leurs orbites autour de Jupiter et Saturne..
Enfin, les planètes/lunes de la catégorie IV ont un océan d'eau liquide souterrain comme pour la catégorie III, mais surmontant une couche épaisse de glace. En effet si la quantité d'eau présente sur ces objets est trop grande, le diagramme de phase de l'eau prédit l'existence d'une couche de glace à haute pression, entre l'océan liquide et le noyau silicaté.
Les corps du Système Solaire faisant partie de cette catégorie sont notamment Ganymede (Jupiter) et Callisto (Jupiter).
Les photons ne pouvant atteindre l'océan souterrain, le mécanisme de la photosynthèse ne peut pas fonctionner.
Sur les objets de catégorie III, une vie éventuelle peut néanmoins profiter de l'énergie chimique et des nutriments apportés par l'activité hydrothermale et volcanique. .
Sur les objets de la catégorie IV, l'eau est en "sandwich" entre deux couche de glace. La vie ne peut bénéficier de l'apport de matériaux et d'énergie en provenance du sous-sol via du volcanisme.
Si la vie n'est présente qu'en sous-surface (catégories II, III et IV), elle peut alors difficilement modifier l'aspect de la surface. Surtout, en l'absence de photosynthèse, son activité biologique sera très limitée et elle ne pourra presque pas influencer la composition chimique d'une éventuelle atmosphère. Sa détection depuis la Terre apparait donc beaucoup plus difficile que pour la catégorie I.
Dans la suite de ce cours, nous nous intéresserons essentiellement aux exoplanètes habitables de la première catégorie car ce sont les seules où la vie peut être détectée à distance.
Les organismes complexes qui constituent "la vie" pourraient avoir besoin de beaucoup de temps pour se former et évoluer. Sur Terre, nous ne savons pas quand la vie est apparue. Des traces d'êtres vivants (fossiles, anomalie isotopiques, "stromatolites") semblent présentes dans les plus anciennes roches sédimentaires actuellement disponibles sur Terre. Ces traces sont débattues, mais elles suggèrent que la vie bactérienne était abondante moins d'un milliard d'années après la formation de la Terre. Cependant, plus de 3 milliards d'années ont ensuite été nécessaires pour que les premières formes de vie multicellulaires à l'origine des animaux et des hommes apparaissent.
Pour que la vie puisse évoluer, il faut que la planète hôte soit capable de conserver du carbone, de l'eau liquide et une surface stable pendant plusieurs milliards d'années. Maintenir les conditions de température et de pression propices à l'eau liquide en surface se révèle être le critère le plus contraignant.
Une première limite sur la durée de l'habitabilité d'une planète est donnée par la durée de vie de son étoile hôte, ou plus précisemment par la durée de vie sur la séquence principale (Diagramme Hertzsprung-Russel), pendant laquelle son énergie est créée dans son cœur par fusion nucléaire des noyaux d'hydrogène en noyaux d'hélium. Sa luminosité est alors stable ou évolue doucement. Quand une étoile quitte la séquence principale, la variation importante de son flux lumineux ne permet pas aux planètes environnantes de conserver des conditions stables à leur surface et donc de potentiellement conserver leur habitabilité. Le soleil, par exemple, sortira de la séquence principale dans près de 5 milliards d'années pour entrer dans une phase de géante rouge. Si la Terre est alors toujours à la même distance du Soleil, elle recevra une quantité d'énergie plusieurs milliers de fois plus importante qu'aujourd'hui. La Terre ne sera alors plus habitable ...
La durée de vie d'une étoile de la séquence principale dépend essentiellement de sa masse. Plus une étoile est massive, plus sa durée de vie sera courte, et donc moins elle sera susceptible d'héberger une planète durablement habitable. Les étoiles dont la masse est supérieure à 1,5 fois celle du Soleil sont peu propices à posséder des planètes hébergeant de la vie "développée", car leur durée de vie est inférieure à 4.5 milliards d'années, soit le temps qu'il a fallu sur Terre pour que la vie intelligente apparaisse depuis la formation du Soleil.
Une planète habitable (de catégorie I) doit avoir de l'eau liquide disponible à sa surface. Il faut pour cela qu'elle ait d'abord été capable d'avoir accumulé de l'eau, puis de la conserver à sa surface, et enfin de la garder dans son état liquide.
L'eau est abondante dans notre galaxie. Il est ainsi très probable que les planètes ont au moment de leur formation de grandes quantités d'eau à disposition. Par la suite, comètes et météorites peuvent alimenter ces mêmes planètes en eau.
Pour une planète, avoir de l'eau semble être une chose commune. Mais il est bien plus difficile de garder cette eau en phase liquide ... L'eau peut exister essentiellement sous trois formes : solide, liquide et gazeuse. La gamme de températures pour laquelle une planète peut avoir de l'eau liquide stable à sa surface dépend donc principalement de sa pression de surface. Actuellement sur Terre, cette gamme s'étend de 0 à 100°C car la pression au sol est de 1013 hPa.
Remarque : La présence de sels dissous dans l'eau liquide peut permettre d'abaisser sa température de solidification de quelques dizaines de degrés et également d'augmenter sa température d'ébullition
Une planète habitable est susceptible de perdre son eau par des mécanismes d'échappement atmosphérique. En particulier, l'eau liquide à la surface d'une planète habitable est en équilibre avec son atmosphère. La vapeur d'eau injectée peut monter dans la haute atmosphère et être photolisée par le flux UV en provenance de l'étoile, libérant ainsi des atomes d'hydrogène et d'oxygène. Les atomes d'hydrogène, légers, vont s'échapper facilement de la gravité. Si la quantité d'eau dans la haute atmosphère et le flux UV sont suffisament élevés, la planète initialement habitable peut perdre la totalité de son hydrogène et donc de son eau vers l'espace.
Il existe une méthode pour quantifier la perte en eau d'une planète par échappement atmosphérique. Le deutérium D (un proton+un neutron) est un isotope de l'hydrogène H (un proton). Il est présent en quantité à peu près constante depuis la formation de l'Univers. Pourtant, lors du mécanisme d'échappement atmosphérique décrit plus haut, l'hydrogène, plus léger que le deutérium, va s'échapper plus facilement. Au cours du temps, la proportion de deutérium sur une planète qui perd son eau vers l'espace va augmenter. Plus la proportion de deutérium est importante par rapport à celle de l'hydrogène (rapport D/H), plus la perte atmosphérique a été importante. Cependant, le rapport D/H ne renseigne pas sur la quantité d'eau initialement présente.
Tout corps chaud se refroidit avec le temps en émettant un rayonnement thermique. Au premier ordre, la puissance rayonnée par un corps ne dépend que de sa température et de sa surface.
Sur Terre, les conditions de température et de pression sont idéales pour conserver de l'eau liquide à la surface. Pour compenser le refroidissement de la surface terrestre et de ses océans par émission thermique, il faut une source extérieure d'énergie. Par le haut de l'atmosphère, c'est le flux solaire. Par le bas, c'est le flux géothermique. En pratique c'est le flux solaire qui domine par plus de 3 ordres de grandeur les autres sources d'énergie dans le bilan radiatif terrestre.
En premier lieu, c'est donc le flux stellaire reçu par une planète qui va dicter si oui ou non la planète va être capable de garder de l'eau liquide à sa surface. Si la planète est trop proche de son étoile, la température de la planète sera trop élevée pour conserver de l'eau dans son état liquide. Si la planète est trop loin de son étoile, ou voire même si la planète est seule, sans étoile - on l'appelle dans ce cas "planète flottante" -, elle ne recevra alors plus suffisamment d'énergie pour conserver la température minimale nécessaire au maintien d'eau liquide à sa surface.
Note : La photosynthèse - mécanisme essentiel pour la vie - est alimentée par le flux solaire.
Sur Terre, le flux géothermique est en moyenne 3000 fois plus faible que le flux solaire. Pourtant, sur d'autres corps, il peut être beaucoup plus important. Sur Io, un satellite de Jupiter encore volcaniquement actif, le flux géothermique moyen est 25 fois plus élevé que sur Terre. Ceci est dû aux forces de marée gravitationnelle exercées par Jupiter sur Io qui, par friction, réchauffent l'intérieur du satellite. Il est donc possible que, dans certaines configurations, le flux géothermique joue un rôle important dans le bilan radiatif d'une planète/lune et donc sur son habitabilité.
Note : Si une exoplanète reçoit un flux stellaire trop faible pour alimenter la photosynthèse, il est possible que d'autres mécanismes prennent le relais. C'est en particulier le cas de la vie chimiolithotrophique, qui puise son énergie des sources hydrothermales.
La composition et l'épaisseur de l'atmosphère d'une planète jouent également un rôle prépondérant dans son bilan radiatif. En particulier, la présence de gaz à effet de serre contribue généralement à l'augmentation de la température de surface d'une planète. Un gaz à effet de serre a en effet la propriété particulière d'être quasi-transparent dans le domaine du visible (là où la majorité du flux solaire est émis), mais très absorbant dans le domaine de l'infrarouge (qui correspond au domaine du rayonnement thermique de la planète). Les gaz à effet de serre, chauffés par cette absorption, émettent eux aussi un rayonnement thermique dont une partie est captée par la surface, contribuant à son réchauffement. (Plus d'informations dans ce cours)
Sur Terre, les principaux gaz à effet de serre sont l'eau (HO), le dioxyde de carbone (CO), le méthane (CH), ou encore l'ozone (O). Néanmoins, notre expérience dans le Système Solaire prouve qu'il existe en fait toute une variété de compositions atmosphériques possibles : l'atmosphère de Jupiter est composée essentiellement de dihydrogène (H) et d'hélium (He) ; celle de Vénus essentiellement de CO ...
Ce qu'il faut retenir des gaz à effet de serre : Une planète très proche de son étoile doit posséder peu de gaz à effets de serre pour conserver de l'eau liquide à sa surface alors qu'une planète très éloignée doit en avoir en grandes quantités !
Ce qui permet à la Terre de garder son eau liquide est un équilibre subtile entre le flux solaire qu'elle reçoit et le flux thermique qu'elle émet, fonction notamment de sa température.
Prenez la Terre et éloignez la du Soleil. Le flux solaire qu'elle reçoit va diminuer, impliquant une baisse directe de la température à sa surface. De ce fait, de la glace et de la neige supplémentaires vont se former et donc augmenter le pouvoir réfléchissant - appelé aussi "albédo" - de la surface. Un dépôt de neige peut être par exemple jusqu'à 10 fois plus réfléchissant qu'une étendue d'eau liquide. Ainsi, le flux solaire absorbé diminuera de plus belle, conduisant à des températures encore plus basses ...
On représente ci-dessous une simulation de la Terre, éloignée soudainement de 11% du Soleil. Après 20 ans, et via le mécanisme déstabilisant de "Runaway glaciation" (glaciation galopante) présenté ici, la Terre est complètement gelée.
Si la Terre, par ce phénomène de "Runaway Glaciation", finit par être complètement recouverte de glace, alors on dit qu'elle est entrée dans l'état "Terre Boule de Neige" ou aussi "Snowball Earth". Dans cet état, les températures à la surface de la Terre sont très froides, et l'albédo élevé de la glace/neige conduit la Terre à réfléchir une grande partie du flux solaire qu'elle reçoit.
Si on réexpose la Terre gelée au flux solaire qu'elle reçoit actuellement, elle restera gelée, suivant un phénomène d'hysteresis. Ainsi, pour un même flux solaire, la Terre peut être dans deux états d'équilibre différents ! Pour que la Terre Boule de Neige retrouve son état actuel, il faut qu'un ingrédient supplémentaire entre en jeu, comme par exemple une augmentation des gaz à effets de serre ...
Prenons maintenant la Terre et rapprochons là de quelques pourcents du Soleil. L'augmentation du flux lumineux que la planète reçoit va provoquer une augmentation de sa température de surface. Les océans et mers de la Terre, réchauffés, vont évaporer plus d'eau. La vapeur d'eau étant un puissant gaz à effet de serre, la température de surface de la Terre va continuer d'augmenter. Si le flux solaire reçu par notre planète est alors suffisamment grand, l'évaporation des océans va s'emballer jusqu'à leur épuisement. La vapeur d'eau correspondante va former une épaisse atmosphère opaque au rayonnement infrarouge thermique. La température de la surface augmentera juqu'à plus de 1500°C pour pouvoir rayonner dans le visible où la vapeur d'eau laisse passer le rayonnement nécessaire à son refroidissement.
Les planètes habitables de catégorie I possèdent de l'eau liquide en surface et sont donc tout autant sujettes à ce mécanisme d'emballement de l'effet de serre.
Une planète habitable de catégorie I possède de l'eau liquide à sa surface, et donc de la vapeur d'eau dans son atmosphère. Une partie de cette vapeur d'eau va rejoindre les hautes couches de l'atmosphère. Le flux UV de l'étoile va photodissocier les molécules d'eau et les atomes d'hydrogène, légers, vont alors s'échapper vers l'espace.
Le mécanisme d'emballement de l'effet de serre prédit qu'une planète qui se réchauffe aura de plus en plus de vapeur d'eau dans son atmosphère, et donc perdra de plus en plus rapidement son eau vers l'espace. Si cet échappement est suffisamment rapide (suffisamment d'eau dans la haute atmosphère, suffisamment de radiation UV), alors la planète habitable peut perdre la totalité de son eau avant même d'être entrée dans l'état du "Runaway Greenhouse". On appelle cette limite chaude de l'habitabilité le "Moist Greenhouse".
La Zone Habitable désigne classiquement la gamme de distances pour lesquelles il n'est pas impossible qu'une planète puisse avoir de l'eau liquide à sa surface, et donc être propice à une vie capable d'exploiter la photosynthèse. Bien sur, un objet peut se trouver dans cette zone et ne pas être habitable (exemple: la Lune).
Une planète trop proche de son étoile verra toute son eau liquide s'évaporer à cause du mécanisme de "Runaway Greenhouse". Pour une étoile donnée, on définit alors la limite "intérieure" - ou chaude - de la Zone Habitable par la distance orbitale minimale jusqu'à laquelle il est possible qu'une planète puisse garder son eau liquide. En pratique, on prend une planète totalement ou partiellement couverte d'eau liquide, et on cherche la distance minimale jusqu'à laquelle on peut l'emmener avant que ses océans ne s'évaporent.
Une planète trop éloignée de son étoile verra toute son eau liquide geler à cause du mécanisme de "Runaway Glaciation". Pour une étoile donnée, on définit alors la limite "extérieure" ou - froide - de la Zone Habitable par la distance orbitale maximale jusqu'à laquelle il est possible qu'une planète puisse garder son eau liquide. À la limite, on choisit l'atmosphère de la planète pour qu'elle maximise l'effet de serre. En pratique, la plupart des travaux de recherche ont eté effectué en supposant une planète possédant une atmosphère épaisse de CO2 (un bon gaz à effet de serre, et composant probable de l'atmosphère des planètes telluriques) : on cherche alors la distance maximale jusqu'à laquelle une telle planète peut garder de l'eau liquide à sa surface.
La Terre a une période de rotation sur elle-même de 24 heures, et autour du Soleil de 365 jours. La Lune, elle pourtant, montre toujours la même face à la Terre. Sa période de rotation autour de la Terre est égale à sa période de rotation sur elle-même (sidérale). On dit alors qu'elle a une résonance spin-orbite 1:1 ; on dit aussi qu'elle est en rotation synchrone. Mercure fait 3 tours sur elle-même quand elle fait 2 tours autour du Soleil. Elle a une résonance spin-orbite 3:2.
Il existe en fait une multitude de possibles périodes de rotation pour une planète autour de son étoile. Pourtant, quand une planète a une orbite trop proche de son étoile, l'action des forces de marées influence sa rotation. D'une part, elles tendent à redresser son axe de rotation (l'obliquité tend vers zero) et ses pôles ne reçoivent presque plus de rayonnement stellaire. D'autre part, elles freinent sa rotation, jusqu'à eventuellement la synchroniser autour de son étoile (la même face est toujours exposée à l'étoile). C'est par exemple ce qu'il s'est passé pour la Lune autour de la Terre.
La Zone Habitable autour d'étoiles de faible masse est relativement proche de l'étoile. En conséquence, les planètes situées dans la Zone Habitable de ces étoiles auront une obliquité nulle et une rotation ralentie, voire synchrone.
Quand une planète est en rotation synchrone autour de son étoile, elle reçoit toute son énergie (lumineuse) sur la même face. Les deux pôles (Nord et Sud) et la face cachée ne reçoivent alors plus d'énergie. Dans certains cas, l'eau liquide à la surface de la planète peut se retrouver intégralement piégée sous forme de glace au niveau des pôles ou bien de la face cachée. On appelle cela un "piège froid".
Sur ce type de planètes, les climats possibles (détaillés dans la suite de ce cours) sont bien différents de ce que nous connaissons sur Terre ...
Le mécanisme moteur qui permet au Soleil d'alimenter la Terre en énergie lumineuse est la fusion nucléaire. A mesure que les atomes d'hydrogène fusionnent, des éléments plus lourds comme de l'Hélium se forment. Au cours du temps, la proportion d'Hélium dans le coeur du Soleil augmente. Le noyau du Soleil devient de plus en plus dense et de plus en plus chaud. Les réactions nucléaires s'y font alors plus intenses. Résultat : La luminosité du Soleil augmente avec le temps.
Il y a trois milliards d'années, le Soleil était 20% moins lumineux qu'aujourd'hui. Si vous éloignez aujourd'hui et soudainement la Terre de 11% (ou diminuez son flux de 20%), alors elle sera très rapidement complètement gelée. Pourtant, la présence continuelle de vie sur Terre depuis près de 3,5 milliards d'années suggère que notre planète a été capable de garder de l'eau liquide à sa surface pendant toute cette période.
Il existe plusieurs scénarios possible pour expliquer la présence continuelle d'eau et de vie sur Terre depuis 4 milliards d'années. Voici un exemple : Il y a 4,5 milliards d'années, la surface de la Terre est réchauffée par la présence d'une grande quantité de CO2 dans l'atmosphère. Il y a 4 milliards d'années, la vie apparaît sous forme de bactéries, notamment "méthanogènes": ces formes de vie consomment le CO2 et libèrent du méthane qui contribue à l'effet de serre de l'atmosphère. Parallèlement, un autre type de bactéries produit de l'oxygène grâce à la photosynthèse. Dans un premier temps cet oxygène est consommé par oxydation des roches, puis il commence à s'accumuler dans l'atmosphère il y a 2,3 milliards d'années. Cette augmentation de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, toxique pour les bactéries méthanogènes, conduit au déclin du méthane. Conséquence : la Terre se refroidit et entre dans une ère glaciaire (Glaciation Huronienne) d'où elle sort rapidement par augmentation du CO2 et de son effet de serre. De -3,8 milliards d'années à nos jours, la Terre, malgré plusieurs autres ères glaciaires (Glaciations Néoprotérozoiques), sera restée capable de maintenir à sa surface de l'eau liquide et de la vie.
Dans 6 milliards d'années, le Soleil sortira de la Séquence Principale pour se transformer en Géante Rouge. La Terre sera alors engloutie par le Soleil, dont le rayon aura été multiplié par ~ 200.
Dans 1 milliard d'années, la Terre recevra approximativement 10% de plus que le flux solaire actuel. Cela est suffisant pour que le mécanisme d'emballement de l'effet de serre agisse ... L'ensemble de l'eau présente dans les océans s'évaporera pour former une atmosphère dont la température dépassera 1500°C et la pression de surface vaudra quelques centaines de bars. La Terre, sans eau liquide à sa surface, ne sera alors plus habitable !
Dans 900 millions d'années, la température de la Terre aura suffisamment augmenté pour que le CO2 présent dans notre atmosphère soit dissout dans nos océans. Dans 900 millions d'années, la quantité de CO2 passera en dessous du seuil de 10ppm (pour rappel, la concentration actuelle en CO2 est ~ 400ppm, soit 0,04%) en deçà duquel la photosynthèse de toutes les plantes terrestres s'arrêtera. Sans photosynthèse, la vie telle que nous la connaissons ne pourra plus subsister.
Dans 100 ans, le réchauffement climatique provoquera une augmentation de la température terrestre moyenne de 1,5°C à 4°C. En cause, l'activité humaine est à l'origine des émissions en gaz carbonique, puissant gaz à effet de serre. Il est toutefois important de préciser que le réchauffement climatique ne peut pas conduire au phénomène de "Runaway Greenhouse".
Si la Terre a été capable de conserver de l'eau liquide pendant 4 milliards d'années, c'est très certainement grâce à un certain nombre de mécanismes physiques et chimiques stabilisants.
La Terre est capable de réguler la quantité de dioxyde de carbone contenu dans son atmosphère. Pour faire "simple", le présent dans notre air tend à se dissoudre dans l'eau douce issue des précipitations sur les continents sous forme d'ion HCO3-. En ruisselant sur les surfaces, cette eau dissout aussi les roches silicatées (typiquement: ) présente à la surface de la Terre. Les produits de ces dissolutions sont transportés par les rivières vers les océans où ils s'accumulent. Au delà d'une certaine concentration, les ions se combinent pour former des carbonates (constituant des roches calcaires). L'équation bilan est typiquement: . Sur Terre de nos jours, la formation des carbonates à partir des ions dissous est assurée par certains organismes vivants pour fabriquer des coquilles ou des squelettes. Une fois formé, le carbonate tombe au fond des océans et forme des sédiments qui sont transportés lentement par le plancher océanique se subductant par tectonique des plaques. En profondeur, les hautes pressions et températures inversent la réaction et libèrent le CO2. Celui ci est réinjecté dans l'atmosphère par le volcanisme : la boucle du "cycle des carbonate silicate" est bouclée.
Si la Terre entre dans une ère glaciaire, l'eau liquide ne peut plus lessiver les continents et la couche de glace qui se crée entre les océans et l'atmosphère empêche le CO2 de se dissoudre. Pendant ce temps les volcans continuent à injecter du CO2 qui va s'accumuler dans l'atmosphère, jusqu'au point où la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère sera suffisante pour que la Terre sorte de l'ère glaciaire.
La réaction de dissolution de la roche par le CO2 augmente avec la température. Donc si la Terre se réchauffe, la quantité de CO2 dans l'atmosphère diminuera et la Terre se refroidira. Il s'agit donc d'un véritable "thermostat géophysique".
Note : Le mécanisme à rétroaction négative des Carbonates-Silicates agit sur une période de temps ~ 0,5 millions d'années, ce qui est suffisamment rapide pour influencer l'évolution climatique à long terme de notre planète, mais largement insuffisant pour contrebalancer le réchauffement climatique induit par l'Homme.
La présence de la Lune résulte de la collision entre deux objets à l'origine de la formation de la Terre et de la Lune. Sans la Lune pourtant, l'obliquité de la Terre varierait chaotiquement de ±0° à ±85° sur des périodes de temps ~ 10 millions d'années.
La Lune stabilise l'obliquité de la Terre et par conséquent son climat.
Mars est aujourd'hui une planète froide et sèche. Sa température de surface moyenne est d'environ -70°C et sa pression de surface de 6 millibars. Sous ces conditions, l'eau à la surface de Mars n'existe que sous sa forme de glace, en équilibre avec de la vapeur d'eau présente dans l'atmosphère. Pourtant, un grand nombre d'indices suggère que Mars fut autrefois une planète qui possédait toutes les caractéristiques nécessaires pour être habitable ...
En 1972, la sonde Mariner 9 découvre pour la première fois des lacs et des réseaux de rivière à la surface de Mars. Leur présence suggère que l'atmosphère de Mars fut un jour suffisamment chaude et épaisse pour que de l'eau liquide soit stable à sa surface, et capable d'éroder Mars pour former lacs et rivières. La grande majorité de ces réseaux de rivières ont été observés sur des terrains datés de plus de 3,5 milliards d'années, en utilisant la méthode de comptage par cratères. Depuis, la présence de grandes quantités d'eau liquide sur Mars autrefois a été confirmée par de multiples observations géomorphologiques et minéralogiques effectuées depuis des satellites en orbite ou grâce à des robots (rovers) à la surface.
Pourtant, il y a 3,5 milliards d'années, le Soleil était 25% moins brillant qu'aujourd'hui. Mars recevait alors 35% du flux solaire que nous recevons actuellement sur Terre. Difficile donc d'expliquer la formation de ces rivières et encore plus d'imaginer que Mars ait pu un jour être habitable.
L'exemple de Mars montre d'abord qu'une planète a pu être propice à l'eau liquide en surface (et donc propice à une vie capable de photosynthèse) en recevant un flux d'énergie solaire faible, si faible qu'il reste difficile de l'expliquer avec les modèles climatiques. La planète Mars primitive nous offre donc une référence empirique sur la limite extérieure de la zone habitable.
L'exemple de Mars met aussi en évidence le fait que pour rester habitable, et en particulier propice à une vie capable d'évoluer en surface, il faut pouvoir conserver son atmosphère en évitant sa perte par échappement dans l'espace et en recyclant les volatiles piégés à la surface par réaction chimique.
Mars est enfin un exemple de l'habitabilité de type 2: la vie aurait pu démarrer dans des conditions favorables, avec de l'eau liquide en surface. Après avoir atteint une complexité suffisante, elle pourrait subsister malgré les conditions arides actuelles, notamment en profondeur.
Vénus est le meilleur exemple pour illustrer ce qu'il arrive à une planète trop proche de son étoile.
De prime abord, Vénus est une planète très similaire à la Terre. C'est une planète tellurique, comme la Terre. Son rayon équatorial et sa masse valent respectivement 0,949 fois et 0,815 fois ceux de la Terre.
Pourtant, la surface et l'atmosphère de Vénus sont bien différentes de celles de la Terre. Vénus a aujourd'hui une température de surface moyenne de 480°C et une pression de surface de 90 bars. L'atmosphère de Vénus est essentiellement composée de CO 2 et la vapeur d'eau ne représente que 0.002% (20 ppm) de la composition de son atmosphère. Si jamais l'eau présente dans l'atmosphère de Vénus devait se condenser à sa surface, cela créerait une couche d'eau liquide de seulement 3 centimètres !! Et pourtant, tout indique que Vénus et la Terre étaient initialement composées des mêmes ingrédients.
L'eau est une molécule abondante dans la galaxie. C'est aussi le cas sur Terre, sur Mars ... Cependant, l'eau est présente en quantité très limitée sur Vénus ! Il est probable que Vénus ait eu de l'eau en quantité importante lors de sa formation. Mais si c'est le cas, elle n'a pas été capable de la garder. Du fait de la température de surface élevée de Vénus, l'eau (initialement peut-être liquide) se serait transformée progressivement en vapeur d'eau. L'échappement atmosphérique de l'hydrogène présent dans l'eau aurait alors transformé Vénus en la planète sèche que nous connaissons aujourd'hui.
Au début des années 1990, la sonde spatiale américaine Magellan est envoyée en orbite de Vénus. Son radar révèle avec une précision alors inégalée la topographie de la planète, nous indiquant que l'eau liquide n'a pas pu couler sur Vénus depuis au moins 1 milliard d'années ! Cette observation permet d'établir une limite empirique de la limite chaude de la Zone Habitable : il y a 1 milliard d'années, Vénus (qui recevait alors 1,76 fois le flux solaire reçu actuellement sur Terre) n'était pas habitable. Mais l'activité volcanique intense à la surface de Vénus, à l'origine du resurfaçage de la surface de Vénus, ne permet pas de remonter plus loin qu'un milliard d'années dans l'histoire de la planète : il est donc très difficile pour l'instant de savoir si Vénus a pu un jour posséder des océans à sa surface.
Vénus a-t-elle un jour été habitable ? Y'a-t-il de la vie dans l'atmosphère vénusienne (Vénus pourrait être habitable au sens de la classe II grâce aux gouttelettes d'eau présentes dans son atmosphère) ? Un certain nombre de missions spatiales à venir pourraient nous en apprendre davantage ...
Si la vie réussit à émerger sur une planète, notre expérience sur Terre montre qu'il lui faut ensuite du temps avant d'atteindre un stade d'intelligence élevé. Sur Terre, il a fallut 4 milliards d'années. Et la Terre a été capable de maintenir les conditions nécessaires à son habitabilité pendant tout ce temps ! Pourtant, un certain nombre de phénomènes extrêmes peuvent venir perturber épisodiquement l'habitabilité d'une planète ...
A mesure que les étoiles très massives (> 8 masses molaires) consomment leur carburant par fusion, des éléments de plus en plus lourds sont formés (de l'Hélium jusqu'au Fer) et leur coeur se densifie. Au delà d'une certaine limite, les forces de pression au sein du noyau d'une telle étoile ne sont plus capables de contrebalancer l'effet de la gravité. L'étoile va alors imploser puis exploser : c'est ce qu'on appelle une "Supernova". L'énergie libérée lors d'un tel évènement est considérable et l'essentiel de cette énergie est relâché pendant un temps très court (quelques dizaines de jours) de telle sorte que les étoiles et leur planètes se trouvant dans les environs peuvent être fortement irradiés par un rayonnement hautement énergétique.
À l'échelle du système stellaire, le principal danger pour une planète habitée vient des collisions météoritiques. L'énergie libérée lors d'une collision peut être considérable et suffisante pour "stériliser" une planète. Par exemple, l'impact météoritique qui a donné naissance au cratère Chixculub, au Mexique, a libéré l'équivalent (en énergie) de J, soit 10 milliards de fois l'énergie libérée par la bombe nucléaire larguée sur Hiroshima.
Considérant notre expérience du Système Solaire, il y a toutes les raisons de croire que le volcanisme est un phénomène courant parmi les planètes extrasolaires.
Pourtant, un volcanisme accru peut perturber l'habitabilité d'une planète. En fonction des gaz à effet de serre ou des aérosols et poussières injectés et leur quantité, une planète peut être fortement impactée (fort réchauffement ou refroidissement) par d'intenses épisodes volcaniques.
Sur Terre, paradoxalement, l'arrêt définitif du volcanisme pourrait très bien conduire aussi à un refroidissement extrême de notre planète. Car c'est en effet le volcanisme qui, au long terme via le cycle des Carbonates-Silicates, régule la quantité de gaz à effet de serre de notre planète et donc sa température.
La condition la plus restrictive pour qu'une exoplanète soit dans la zone habitable - et donc potentiellement habitée par une vie détectable- est la présence d'eau liquide stable à sa surface. Notre expérience dans le Système Solaire / grâce aux premières observations d'exoplanètes montre qu'il existe une grande diversité de planètes. Pourtant, parmi cette diversité, la seule planète dont nous savons qu'elle possède de l'eau liquide stable depuis plus de 4 milliards d'années à sa surface est la Terre. Existe-t-il des planètes de configurations bien différentes de la Terre mais qui pourtant sont capables d'avoir de l'eau liquide stable à leur surface ? Si oui, à quoi ressemblent de telles exoplanètes ? Autour de quelles étoiles peut-on les trouver ? Quels gaz composent leur atmosphère ? ...
Flux lumineux reçu ; Composition, Taille et Masse de la planète ; Composition et Masse de l'atmosphère ; Paramètres orbitaux (excentricité, obliquité ...) de la planète ; Vitesse de rotation ... Ce sont tout autant de paramètres capables de favoriser ou non la présence d'eau stable à la surface d'une planète. Il est extrêmement difficile de prédire à l'avance quel genre d'exoplanètes nous allons découvrir dans les années à venir. Il est donc essentiel de comprendre, parmi tout ce panel de paramètres, quels sont ceux qui peuvent permettre à une planète ou non d'avoir de l'eau liquide stable et donc d'héberger de la vie.
Si vous connaissez par exemple la masse d'une planète et la distance qui la sépare de son étoile, il est possible de spéculer sur la nature et l'épaisseur de son atmosphère, élèments essentiels pour savoir si la planète peut potentiellement être habitable.
Imaginez une planète dans la Zone Habitable de son étoile, mais dont la masse serait 20 fois plus faible que celle de la Terre, comme Mercure par exemple. Dans ce cas, la planète n'exercera pas une gravité suffisante pour pouvoir garder une atmosphère capable de maintenir de l'eau liquide à sa surface.
Mais la masse d'une planète et sa distance à l'étoile ne sont pas des conditions suffisantes pour étudier son habitabilité. Il existe un grand nombre de configurations dans lesquelles une planète pourrait être habitable ... comme les planètes en rotation synchrone ? les planètes ayant une atmosphère d'hydrogène ? Les planètes ayant un flux géothermique très élevé ? ... Ce sont tout autant de candidats aux caractéristiques exotiques mais dont il faut explorer les possibilités ...
Les processus physiques qui entrent en jeu dans l'évolution du climat d'une planète sont nombreux. En voici une liste non-exhaustive :
La manière la plus réaliste de tenir compte de tous ces phénomènes physiques est d'utiliser un modèle de climat. Pour plus d'informations, veuillez vous reporter au cours sur les Modèles de Climat.
Dans un modèle Radiatif-Convectif, ou Modèle à 1 dimension, on représente la totalité de l'atmosphère d'une planète par une unique colonne composée d'un nombre discret de couches atmosphériques. Dans un GCM (Global Climate Model), ou Modèle à 3 dimensions, l'atmosphère est discrétisée selon les trois dimensions de l'espace.
Les modèles 3D ont l'avantage d'être plus complets et réalistes. Ils ont cependant le défaut d'être rapidement limités (par comparaison aux modèles 1D) par la puissance de calcul requis.
Les modèles 1D sont plutôt fiables lorsqu'il s'agît de modéliser des planètes où la température de surface varie peu d'un point à un autre. C'est le cas des planètes avec une atmosphère très dense et/ou ayant une rotation suffisamment rapide. Dans le cas où il existe un contraste de température marqué entre deux points d'une même planète, le modèle 1D n'est plus représentatif de la planète. C'est notamment le cas des planètes en rotation synchrone, qui sont irradiées d'un côté (haute température) et pas de l'autre (basse température).
Prenons le cas d'une planète en rotation synchrone, sans atmosphère, en tout point à l'équilibre thermique, et avec un albédo de surface constant A. Et faisons l'hypothèse très simpliste qu'une face reçoit en tout point un flux solaire constant alors qu'une autre ne reçoit pas du tout de flux. Soit le flux moyen reçu sur l'ensemble de la surface. Le bilan radiatif 1D donne : , soit , avec la température moyenne d'équilibre de la planète (1D).
La planète est composée de deux faces d'aires égales : une éclairée et une autre non. Pour 50% de la planète, du côté de la face cachée, . Pour les 50% restants, car le côté éclairé de la planète reçoit un flux lumineux deux fois plus élevé que le flux moyen reçu sur l'ensemble de la surface, . La température moyenne d'équilibre de la planète (3D) vaut donc .
En bref, ~ ! Pour ce cas particulier, l'erreur est considérable. En fait, de manière plus générale, plus l'écart-type sur la température d'équilibre d'une planète est grand, plus l'erreur commise sur le calcul de sa température de surface par un modèle 1D sera grande.
La limite intérieure de la Zone Habitable ou limite chaude de l'Habitabilité correspond à la distance orbitale à partir de laquelle toute l'eau liquide à la surface d'une planète est vaporisée. Quand le flux lumineux reçu par une planète augmente, l'évaporation de ses océans augmente aussi. La vapeur d'eau ainsi formée étant un puissant gaz à effet de serre, la température à la surface de la planète va s'élever, entrainant une augmentation de l'évaporation, et ainsi de suite ...
Prenez la Terre et rapprochez là progressivement du Soleil. Au fur et à mesure, sa température de surface et la quantité de vapeur d'eau dans son atmosphère vont augmenter. Ainsi, l'émission thermique de la Terre vers l'espace va augmenter. Jusque là, la Terre reste en état d'équilibre et à une valeur de flux solaire reçu va correspondre une température d'équilibre.
Mais à partir d'un certain flux solaire (i.e., une certaine distance à l'étoile centrale), la surface de la Terre entre dans un état hors-équilibre. La quantité de vapeur d'eau est telle que l’atmosphère devient totalement opaque dans le domaine de l'infrarouge. Le rayonnement infrarouge ne peut plus s’échapper vers l’espace et par conséquent la surface de la Terre n'est plus capable de se refroidir. Elle va donc se réchauffer continument jusqu'à ce que celle ci soit de nouveau capable de se refroidir par émission thermique dans le proche infrarouge - visible. C'est ce qui arrive une fois que la surface atteint une température de ~ 1800 Kelvins. A cette température, la Terre est si chaude qu'elle émet dans le proche infrarouge - visible, gamme de longueur d'onde qui correspond à une "fenêtre" dans le spectre d'absorption de la vapeur d'eau.
L'estimation la plus récente de la limite intérieure de la Zone Habitable, et via la mécanisme de Runaway Greenhouse, est de 0.95 A.U. et a été établie à partir de Modèles 3D (GCM).
Alors que les modèles 1D faisaient l'hypothèse que l'atmosphère de la Terre, en se rapprochant du Soleil, serait très vite saturée en vapeur d'eau ... les modèles 3D ont mis en évidence la présence de région non-saturées en eau au niveau des tropiques, augmentant ainsi l'émission thermique de ces régions, et repoussant la limite chaude de l'Habitabilité vers l'intérieur.
Difficulté : ☆☆☆ Temps : 1 heure
Si la Terre entre en Runaway Greenhouse, quelle est la pression atmosphérique maximale qu'elle peut atteindre ?
Dans le cas de la Terre, quel est la différence d'énergie (en Joules et en ordre de grandeur) entre les deux états d'équilibre correspondant à 1) l'entrée en Runaway Greenhouse et à 2) la sortie du Runaway Greenhouse ? On fera d'abord l'hypothèse que les échanges entre l'atmosphère/les océans et le sous-sol sont nuls.
Inévitablement, la luminosité du Soleil augmente avec le temps. Les modèles standards d'évolution stellaire indiquent que la luminosité du Soleil évolue comme suit : , avec l'âge relatif du Soleil par rapport à aujourd'hui, l'âge du Soleil ( milliards d'années) et la luminosité actuelle du Soleil. Estimez 1) le temps nécessaire pour initier le mécanisme de Runaway Greenhouse sur Terre à partir d'aujourd'hui, et 2) le temps nécessaire pour atteindre le premier état d'équilibre en sortie du Runaway Greenhouse. On fera l'hypothèse que l'albédo planétaire de la Terre vaut (dans ces conditions) .
Recalculez maintenant l'énergie () nécessaire pour passer d'un état d'équilibre du Runaway Greenhouse à l'autre en prenant en compte cette fois-ci le chauffage du sous-sol. Calculez alors le nouveau temps nécessaire pour sortir du Runaway Greenhouse. On pourra utiliser le profil de température fourni ci-joint.
Prenez à nouveau la Terre et rapprochez là progressivement du Soleil. À 1 Unité Astronomique, c'est la Terre actuelle. À 0.95 Unité Astronomique, le climat de la Terre s'emballe vers un état de "Runaway Greenhouse". Mais avant d'atteindre cet état, la Terre passe progressivement d'états d'équilibre en états d'équilibre de plus en plus chauds et humides. Les hautes couches de l'atmosphère sont alors elles aussi de plus en plus chaudes et humides. Le flux extrême UV en provenance du Soleil peut alors atteindre les molécules d'eau et les casser en atomes d'oxygène et hydrogène. Ces derniers sont légers et peuvent facilement être éjectés dans l'espace.
Par ce mécanisme, la Terre pourrait progressivement perdre tout l'hydrogène de son atmosphère et donc la totalité de son réservoir d'eau.
Pour savoir à quelle vitesse la Terre perdrait l'hydrogène de son atmosphère, il est important d'identifier le processus limitant de l'échappement atmosphérique ... 1. L'eau s'évapore des océans dans la couche la plus basse de l'atmosphère. Cette eau est très rapidement mélangée dans les couches basses de l'atmosphère. 2. Les molécules d'eau sont transportées plus lentement vers les hautes couches de l'atmosphère. 3. Dans les hautes couches de l'atmosphère (jusqu'à l'exosphère), les molécules d'eau sont photodissociées pour donner de l'hydrogène qui, léger, va rapidement s'échapper vers l'espace.
En fonction de la quantité d'eau injectée dans la stratosphère, le processus limitant va être ou bien la diffusion ou bien la photodissociation (dans ce cas, la quantité limitante est le flux incident d'UV utilisé pour la photodissociation).
Il est pour l'instant difficile de savoir si la Terre deviendra un jour (à mesure que la luminosité solaire augmente) inhabitable via le mécanisme d'emballement de l'effet de serre ou bien via la perte de son eau dans l'espace. Le taux d'échappement de l'hydrogène est principalement fonction de la quantité d'eau présente dans les hautes couches (stratosphère) de l'atmosphère ; pourtant, les différents modèles de climat (1D et 3D) à la pointe de la recherche dans ce domaine montrent des écarts considérables dans leurs estimations du contenu en vapeur d'eau dans la haute atmosphère terrestre ...
La série d'exercices ci-dessous propose justement de comparer les résultats de deux modèles de climats différents (non représentatifs).
Difficulté : ☆☆ Temps : 15 minutes
Imaginons une planète habitable sur laquelle le mécanisme de Moist Greenhouse serait dominant. Etablir la relation liant la durée de vie de ses océans et le taux d'échappement de son hydrogène vers l'espace.
Prenons le cas de la Terre. En considérant uniquement le mécanisme de Moist Greenhouse, donnez une limite supérieure du temps de vie des océans de la Terre en considérant les résultats du modèle 1D.
Donnez maintenant une limite inférieure du temps de vie des océans de la Terre en considérant les résultats du modèle 3D.
La limite froide de l'Habitabilité en surface, ou limite extérieure de la Zone Habitable, correspond à la distance orbitale maximale jusqu'à laquelle une planète peut garder de l'eau liquide à sa surface.
Pour pouvoir estimer cette limite, il s'agit de trouver l'atmosphère la plus efficace pour permettre à une planète de garder son eau liquide aussi loin que possible de son étoile. Il s'agit donc de trouver le meilleur cocktail de gaz à effets de serre, en quantité et en proportion, et qui soit physiquement crédible.
Un gaz à effet de serre est un gaz capable d'absorber une fraction importante du flux thermique émis par la surface d'une planète, tout en laissant passer la majorité de la lumière en provenance de son étoile (ultraviolet, visible, et proche infrarouge). Cela a pour effet de réchauffer la surface de la planète. Sur Terre, par exemple, les gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère réchauffent en moyenne la surface de ~ 33°C.
Il existe de nombreux gaz à effet de serre (CO2,H2O,CH4,NH3, ...), mais seulement certains d'entre eux sont susceptibles d'être réellement présents sur une planète habitable. Les deux gaz les plus réalistes d'une atmosphère de planète habitable sont le dioxyde de carbone et la vapeur d'eau. D'autres gaz comme par exemple l'ammoniac (NH3) et le méthane (CH4) sont envisageables dans une atmosphère abondantes en réducteurs (H2,CO, ...) mais sont rapidement photodissociés par le flux UV s'ils n'en sont pas protégés ou ne sont pas renouvelés.
En fait, il se trouve que l'une des manières les plus efficaces (et aussi plausibles) pour réchauffer une planète est d'avoir une atmosphère épaisse de CO2 !
Le problème, c'est qu'on ne peut pas réchauffer autant qu'on veut une planète en lui ajoutant des gaz à effet de serre à l'infini ... Au delà d'une certaine quantité, alors que l'opacité des gaz à effet de serre dans l'infrarouge commence à saturer, la proportion de rayonnement stellaire absorbé diminue aussi à cause de la diffusion Rayleigh qui tend à réfléchir une partie des photons incident vers l'espace. Si on considère une planète composée d'une atmosphère de CO2 (sans nuages), la distance (du Soleil actuel) la plus lointaine à laquelle une telle planète peut garder de l'eau liquide sera de 1,67 Unités Astronomiques. Cette distance correspond à la limite extérieure de la Zone Habitable et a été établie pour une pression de 8 bars de CO2 (en supposant une gravité terrestre).
Les nuages ont un rôle important à jouer pour la limite extérieure de la Zone Habitable. Les nuages reflètent une partie de la lumière stellaire incidente, mais peuvent aussi contribuer à l'effet de serre en absorbant le rayonnement venu de la surface et de la basse atmosphère pour rayonner à une température de brillance plus froide. Dans certains cas (voir ci-dessous) ils peuvent même réfléchir le rayonnement thermique de la surface. Ils peuvent donc contribuer positivement comme négativement, selon les situations, au bilan radiatif de la planète considérée.
Il se trouve que lorsque des nuages de CO2 se forment dans une atmosphère épaisse de CO2, la température de surface se réchauffe davantage, repoussant plus loin encore la limite extérieure de la Zone Habitable. Cela est dû à la diffusion du rayonnement thermique par les particules de glace qui composent les nuages de CO2, et qui indirectement réfléchissent vers la surface le rayonnement thermique infrarouge. En prenant en compte ce procédé, la limite froide de l'Habitabilité peut être repoussée jusqu'à 2.5 Unités Astronomiques ! (en supposant une couverture nuageuse totale).
Plus une étoile a une faible masse, plus sa luminosité sera petite, et donc plus la Zone Habitable sera proche de cette étoile. Les Naines M, qui sont les étoiles les moins massives de la Séquence Principale (masse comprise entre 0,075 et 0,4 masse solaire) ont une Zone Habitable de 5 à 50 fois plus proche que celle autour du Soleil.
Plus une planète est proche de son étoile, plus les forces de marée exercées par son étoile sur elle vont s'accentuer.
Lorsqu'une planète orbite autour de son étoile, la force de gravité (qui diminue avec la distance) ressentie par la planète n'est pas la même en tout point. La partie de la planète la plus proche de son étoile est plus attirée par l'étoile que la partie lointaine. En conséquence, l'étoile déforme la planète et crée un renflement dans sa direction (et dans la direction opposée).
Si la planète tourne plus rapidement sur elle-même que sa révolution autour de son étoile, ce renflement va se décaler légèrement par rapport à l'axe Etoile-Planète. La planète étant un corps non-élastique, il faut en effet un laps de temps non-nul pour que le renflement revienne dans la direction de l'étoile.
En conséquence, il se crée un décalage angulaire entre le renflement et la direction de l'étoile. Ceci a pour effet de créer un couple de rappel opposé au sens de rotation de la planète : la planète freine. Cet effet va durer tant que la vitesse de rotation de la planète est supérieure à sa vitesse de révolution. Dans cette situation, l'état d'équilibre le plus stable est la rotation synchrone.
En fonction des propriétés de la planète et de son étoile, le temps qu'il faut pour qu'une planète se synchronise avec son étoile est très variable. On estime que avec la vitesse de rotation initiale de la planète, la distance Planète-Etoile, le moment d'inertie de la planète ( pour une sphère, on a par exemple ), la constante gravitationnelle, et respectivement la masse de la planète et de l'étoile et le rayon de la planète. et sont deux coefficients qui caractérisent la réponse de la planète aux forces de marée.
Finalement, on retiendra que . On a avec le flux reçu par la planète et la luminosité de la planète. On choisit le flux moyen reçu par une planète habitable, indépendant de la planète et de l'étoile. Donc on a . Pour des étoiles de la Séquence Principale, on a de plus la relation Masse-Luminosité suivante : .
Bref, . Par exemple, en considérant ce mécanisme, une planète dans la Zone Habitable d'une Naine M de 0,2 masses solaires se synchronisera ~ fois plus rapidement qu'une planète, comme la Terre, dans la Zone Habitable du Soleil.
Note : Les forces de marée gravitationnelle peuvent être à l'origine de deux effets supplémentaires : 1. circulariser les orbites (les planètes en moyenne trop proches de leur étoile ont une excentricité qui diminue avec le temps) et 2. redresser l'obliquité (les planètes trop proches de leur étoile ont une obliquité qui tend vers 0).
En fait, lorsque la planête est entourée d'une atmosphère sufisamment épaisse, il existe une autre force de marée qui pourrait retarder voire empêcher la synchronisation d'une planète : la force de marée thermique.
Prenez une planète avec une atmosphère épaisse, comme Vénus par exemple. Lorsque le Soleil chauffe la zone subsolaire de cette planète, l'atmosphère s'y réchauffe et se dilate. La pression augmente en altitude. Pour équilibrer les forces de pression atmosphérique, une partie de la masse de l'atmosphère est redistribuée vers le coté nuit, créant cette fois-ci un renflement dans la direction perpendiculaire à la direction du Soleil.
Si la rotation d'une telle planète est plus rapide que sa révolution autour de son étoile , on aura un décalage angulaire entre l'orientation du renflement et la perpendiculaire à la direction de l'étoile. Si est inférieur à 180°, le renflement va provoquer un couple accélérateur du même sens que la rotation de la planète.
Si ce couple est suffisamment important, la période de rotation de la planète va converger vers un état d'équilibre différent de la rotation synchrone, où couples de marée gravitationnel et thermique se compensent. C'est par exemple ce qui est arrivé à Vénus.
Il y a finalement deux critères majeurs pour savoir si une planète habitable va finir en rotation synchrone ou non. Plus la masse de son étoile est faible, et moins son atmosphère est épaisse, plus les chances sont grandes pour que la planète entre (et rapidement) en rotation synchrone.
Une planète en rotation synchrone autour de son étoile lui montre toujours la même face. Une telle planète possède une face fortement irradiée, mais une face et deux pôles non éclairés.
Prenons le cas d'une planète en rotation synchrone qui n'aurait ni océans, ni atmosphère. Sur une telle planète, les échanges de chaleur se font très mal d'un point à l'autre de la planète. Du coup, la différence de température entre la face irradiée et la face cachée sera extrême. Du côté caché, la température de surface dépendra essentiellement du flux géothermique . Soit . Alors que du côté irradié, et notamment au niveau du point substellaire, , avec le flux stellaire au point substellaire, l'angle zénithal et l'albédo de la surface.
Rajoutez maintenant à cette planète une atmosphère et des océans. Le transport de chaleur assuré par l'atmosphère et les océans va alors réduire les écarts de température entre les deux faces ...
Si vous rapprochez la Terre du Soleil et que vous dépassez la limite de 0.95 UA, la Terre va partir en "Runaway Greenhouse" et ne sera plus habitable.
Prenez maintenant une planète similaire à la Terre mais orbitant en rotation synchrone autour d'une étoile similaire au Soleil. Si vous dépassez la limite de 0.95 UA, une telle planète peut rester habitable !
À mesure que cette planète se rapproche de son étoile, le flux lumineux reçu au point substellaire augmente. Ceci crée une zone de forte convection à l'origine de la formation de nuages épais très réfléchissants. La couverture nuageuse de la face irradiée peut atteindre jusqu'à 80%. Plus le flux stellaire augmente, plus ce mécanisme est efficace, plus l'albédo planétaire augmente. Conclusion : La limite intérieure de la Zone Habitable est largement repoussée vers l'intérieur.
Note : Lorsque ce mécanisme entre en jeu, la quantité de vapeur d'eau injectée dans la stratosphère est fortement augmentée, ce qui soulève la question de l'échappement atmosphérique de l'hydrogène.
Si vous déplacez cette planète beaucoup trop près de son étoile, le mécanisme décrit précédemment n'est plus suffisant pour assurer son habitabilité. En fonction de son état initial, la planète peut alors diverger vers deux états possibles et pourtant bien différents : 1. Elle peut entrer en Runaway Greenhouse. 2. Toute l'eau de la planète peut se retrouver piégée du côté froid. Cette "bistabilité" résulte de la compétition entre d'un côté le taux d'évaporation, côté jour, et de l'autre l'efficacité du transport/le taux de condensation de la vapeur d'eau dans les pièges froids, côté nuit.
1. Si la quantité de vapeur d'eau initiale dans l'atmosphère est suffisante, alors l'effet de serre de la vapeur d'eau va s'emballer en évaporant la totalité du réservoir d'eau de la planète. C'est l'état classique du "Runaway Greenhouse". 2. Mais si la quantité initiale de vapeur d'eau dans l'atmosphère est insuffisante, l'évaporation de l'eau liquide côté jour n'est pas suffisamment intense pour dépasser le taux de condensation côté nuit. Le seul état d'équilibre alors possible arrive lorsque la totalité de l'eau côté jour s'est évaporée pour finir, sous forme de glace, côté nuit.
Quand une planète a une orbite trop proche de son étoile, et par l'action de forces de marées, elle finit rapidement par avoir une orbite synchrone autour de son étoile. Les planètes "froides" de la Zone Habitable sont à priori moins concernées par cet effet, puisqu'elles sont beaucoup plus éloignées de leur étoile que les planètes "chaudes" de la Zone Habitable. Dans le cas du Soleil par exemple, une planète qui se trouverait à la limite intérieure de la Zone Habitable (0.95 UA) peut se synchroniser ~ 30 fois plus rapidement qu'une planète située au niveau de la limite extérieure (1.67 UA). Résultat : Une planète froide comme Mars n'a aucune chance d'être un jour en rotation synchrone car le temps que cela lui prendrait est bien supérieur à la durée de vie du Soleil.
Pourtant, autour d'étoiles de faible masse, la Zone Habitable est beaucoup plus rapprochée de l'étoile. Et les planètes "froides" de la Zone Habitable de telles étoiles sont susceptibles elles aussi d'entrer en rotation synchrone.
Les planètes en rotation synchrone ont très certainement, sous l'effet des forces de marée gravitationnelle, une obliquité très redressée (proche de , comme Mercure). Résultat : de telles planètes peuvent posséder plusieurs points froids (au niveau des pôles mais surtout au niveau de la face non éclairée). Pour qu'une planète "froide" (peu irradiée par son étoile) soit capable de garder de l'eau liquide à sa surface, il faut déjà qu'elle soit capable de conserver son atmosphère à l'état gazeux. En particulier, une planète en rotation synchrone dont l'atmosphère (composée par exemple de ...) serait trop peu épaisse pourrait condenser l'ensemble de ses espèces gazeuses. De l'espèce la moins volatile à l'espèce la plus volatile, la vapeur d'eau va d'abord se condenser du côté froid, puis au tour du et enfin ... même du !!! Une telle planète n'est pas capable de conserver son atmosphère sous forme gazeuse et ne peut donc pas être habitable (de classe I).
Lorsque l'atmosphère d'une planète en rotation synchrone s'épaissit (par exemple en injectant du ) :
Autour d'une étoile type solaire, le premier point aurait un effet très réduit car la diffusion Rayleigh augmente l'albédo planétaire à mesure que la pression atmosphérique augmente. Mais c'est essentiellement autour des étoiles M (de faible masse) que des planètes "froides" peuvent entrer en rotation synchrone. Aux longueurs d'onde d'émission d'une telle étoile, la diffusion Rayleigh a une influence très limitée, et il est possible d'augmenter très fortement l'effet de serre d'une atmosphère en atteignant une pression atmosphérique très élevée.
Ainsi, si la planète possède une pression atmosphérique suffisante, l'effondrement de l'atmosphère peut être évité. Si c'est le cas, la planète est alors soumise au principe de Maximum Greenhouse correspondant à la distance orbitale à laquelle elle se trouve. NB : On peut noter que la présence d'un océan (contribuant très fortement au transport de chaleur) à la surface d'une telle planète peut permettre d'abaisser la pression critique à laquelle l'atmosphère condense.
A l'heure actuelle, on considère que les étoiles de faible masse - appelées aussi Naines M - sont les meilleurs candidats pour héberger des planètes porteuses de vie. D'abord, elles sont plus nombreuses que les étoiles d'autres type. Parmi toutes les étoiles de notre galaxie, on compte près de 75% de Naines M. Ensuite, ces planètes ont une luminosité stable dans le temps. Leur Zone Habitable est donc plus stable encore que dans notre Système Solaire et la vie (et surtout la vie intelligente) bénéficie en théorie de plus de temps pour se développer.
Si les Naines M sont de bons candidats pour être hôtes de planètes habitables, la proportion de rayonnement UV et X qu'elles émettent (par rapport à leur luminosité totale) est bien plus élevé que le soleil, surtout au début de leur histoire. Intégré sur 5 milliards d'années, il peut être jusqu'à 30 fois plus important pour une Naine M que pour notre étoile.
Les planètes dans la Zone Habitable de Naines M recoivent donc un flux X-UV jusqu'à plusieurs dizaines de fois plus important que sur Terre. Or, c'est justement la partie du spectre stellaire à l'origine de l'échappement atmosphérique.
Il est aussi important de noter que pendant cette phase d'activité initiale accrue des Naines M, d'autres phénomènes comme des éjections de masse coronales ou des éruptions stellaires peuvent affecter lourdement l'évolution de l'atmosphère des planètes environnantes, d'autant plus qu'autour de telles étoiles, les planètes habitables sont beaucoup plus proches et donc affectées par de tels évènements.
Les Naines M sont les étoiles de la Séquence Principale qui possèdent la température de brillance la plus faible. Du coup, le pic de leur spectre d'émission est décalé, par rapport au Soleil par exemple, vers des longueurs d'onde plus élevées. A ces longueurs d'onde, la diffusion Rayleigh de l'atmosphère est moins efficace et l'absorption de la vapeur d'eau (et d'autres gaz à effet de serre comme le CO) est accrue. Dans ces conditions, les planètes qui ont une atmosphère semblable à la Terre seront plus facilement chauffées autour d'étoiles de faible masse. Ceci a pour effet de décaler légèrement vers l'extérieur les deux limites de la Zone Habitable des étoiles de faible masse.
De plus, autour des étoiles M, le mécanisme de "Runaway Glaciation" décrit plus tôt est beaucoup moins efficace que sur Terre car l'albédo de la glace/neige y est réduit. L'albédo spectral de la glace/neige décroît avec la longueur d'onde et le pic d'émission d'une Naine M est décalé, par rapport au Soleil, vers les grandes longueurs d'onde. Ceci résulte en un albédo équivalent de la glace/neige plus faible que sur Terre.
Les planètes dans la Zone Habitable des étoiles M sont très proches de leur étoile. La proportion de planètes en rotation synchrone autour de telles étoiles sera donc à priori plus grande qu'autour d'étoiles de type solaire. En considérant à la fois l'effet des marées gravitationnelles et thermiques , prenons le cas d'une Naine M de 0,3 masse solaire. Une planète semblable à la Terre (pression de surface de 1 bar) qui serait dans la Zone Habitable d'une telle étoile pourrait être aussi bien synchrone que non-synchrone ...
Difficulté : ☆ Temps : 5 minutes
Les étoiles de la Séquence Principale dont la masse est supérieure à celle du Soleil ne sont pas très nombreuses. Elles peuvent héberger des planètes comme n'importe quelle autre étoile. Mais à priori, ce sont de très mauvais candidats pour héberger des planètes habitables ...
Qu'est ce qui limite l'habitabilité des étoiles massives ?
Certaines étoiles sont trop peu massives au moment de leur formation pour permettre à leur coeur d'atteindre la température de fusion thermonucléaire de l'hydrogène. Si leur masse est supérieure à environ 13 fois la masse de Jupiter, elle peuvent néanmoins être chauffé par la fusion du deuterieum. Ces étoiles avortées sont des Naines Brunes. C'est généralement le cas pour les étoiles de masse < . Aujourd'hui, près de 1300 Naines Brunes ont déjà été détectées mais on estime que notre galaxie compte environ 1 Naine Brune pour 6 étoiles.
A la différence des étoiles de la Séquence Principale, la luminosité d'une naine brune décroît avec le temps. La zone habitable autour d'une Naine Brune se déplace vers l'intérieur du système avec le temps.
Comme la luminosité d'une Naine Brune diminue très rapidement, la Zone Habitable se déplace très rapidement vers l'intérieur. La durée de vie dans la Zone Habitable des planètes, immobiles elles, est très courte.
De plus, lorsqu'une planète entre dans la Zone Habitable, elle aura été été auparavant très chaude. La totalité de son eau disponible en surface aura été sous forme de vapeur depuis sa formation. Et cette eau est susceptible de s'être échappée dans l'espace ...
Ainsi, plus une planète entre tard dans la Zone Habitable, plus elle y restera longtemps, mais plus aussi elle sera resté dans un état chaud auparavant ...
On pourra quand même noter que pour l'instant, il n'existe pas d'observations des émissions UV/X de naines brunes. Il est donc délicat d'estimer le taux d'échappement en eau des planètes avant d'entrer dans la Zone Habitable.
Les planètes dans la Zone Habitable d'une Naine Brune sont extrêmements proches de leur étoile. Par exemple, dans le cas d'une Naine Brune "classique" de 0.04 masses solaires, seules les planètes situées à une distance inférieure à ~0.003 U.A. sont continuement dans la Zone Habitable pour au moins ~4 milliards d'années. Parmis ces planètes, celles qui sont situées à une distance inférieure à 0.002 U.A. sont en deçà de la limite de Roche, distance critique à partir de laquelle les forces de marée exercées par l'étoile sur la planète dominent les forces de cohésion de la planète. Résultat : De telles planètes se disloquent.
Ainsi, si une planète semblable à la Terre orbite suffisamment longtemps (et pas trop près !) dans la Zone Habitable d'une Naine Brune, elle sera vraisemblablement en rotation synchrone.
Grâce à l'accumulation de près de 20 ans d'observations d'exoplanètes, il est aujourd'hui possible d'estimer plusieurs termes de la fameuse équation de Drake, équation qui tente d'évaluer simplement la probabilité que nous aurions à communiquer avec d'autres civilisations dans notre galaxie. Le premier terme de l'équation - taux de formation d'étoiles dans la galaxie - est pour l'instant le mieux contraint (~10 étoiles/an). Il est possible en réalisant des statistiques sur les observations faites d'exoplanètes d'évaluer (au moins au premier ordre) la proportion d'étoiles ayant un système planétaire, et il apparaît aujourd'hui en effet que la présence de planètes autour d'une étoile semble être bien plus la règle que l'exception. Par exemple, en utilisant l'ensemble des observations réalisées par la méthode des vitesses radiales, il a été estimé (Howard, 2010) que près de 23% des étoiles devraient posséder une planète de taille similaire à la Terre (entre 0.5 et 2 masses terrestres) et qu'autour d'environ 50% des étoiles M (Bonfils, 2013) orbiteraient des planètes telluriques (de 1 à 10 masses terrestres).
Un certain nombre de systèmes planétaires aujourd'hui détectés pourraient possiblement héberger des planètes rocheuses (< 10 masses terrestres) situées dans la Zone Habitable de leur étoile. C'est le cas de HD85512b, Gliese 667Cc, HD40307g, Kepler-22b ... Parmi toutes ces planètes, quelle fraction est adaptée à l'apparition et au développement de la vie telle que nous pouvons l'imaginer ? L'estimation des quatrièmes et cinquièmes termes de l'équation de Drake nécessite de répondre à cette question.
Dans les années 1960, des scientifiques américains se lancent dans un grand projet : rechercher des signaux artificiels d'origine cosmique. Une des manières les plus efficaces (à notre connaissance) pour communiquer à longue distance est d'utiliser les ondes radio (faible absorption atmosphérique, peu énergétiques, ...). Les scientifiques du projet SETI ( Search for ExtraTerrestrial Intelligence) se mettent alors en tête d'utiliser des radiotélescopes pour observer le ciel à la recherche de signaux extraterrestres. Mais 50 ans plus tard, aucune observation fructueuse n'a été réalisée ...
Le lancement du satellite Kepler en 2009 révèle la présence d'un grand nombre de systèmes multiplanétaires (près de 500 à la date du 1er Janvier 2016). Il est maintenant possible de connaître la position relative des différentes exoplanètes d'un même système planétaire au cours du temps, et donc de savoir à quel moment deux planètes d'un même système planétaire sont alignées avec la Terre. Dans ces conditions particulières, il est possible d'"intercepter" une communication focalisée d'une planète à l'autre ... Les scientifiques du projet SETI se servent aujourd'hui de ces informations pour pointer avec plus de pertinence leur radiotélescopes. Affaire à suivre ...
Une manière probablement plus scientifique et moins hasardeuse de détecter des planètes habitées est de s'intéresser à l'ensemble des planètes où la vie aurait pu un jour apparaître et de répondre aux questions suivantes : 1. Comment la vie peut-elle modifier son environnement (atmosphère, surface, ...) ? 2. Ces changements peuvent-ils être observés depuis la Terre ?
Pour détecter la présence d'une espèce chimique à la surface ou dans l'atmosphère d'une exoplanète, il convient de réaliser un spectre en absorption, en émission ou en réflexion de la planète. En 1993, l'équipe de Carl Sagan décide d'utiliser cette technique en pointant la sonde Galileo (alors en chemin vers Jupiter) vers la Terre à la recherche de signatures éventuelles de la vie. Ils conclurent alors que la présence simultanée de dioxygène en grande quantité et de méthane est un signe d'activités biologiques. Sur Terre, le dioxygène (~21% de la composition atmosphérique) est essentiellement le produit de la photosynthèse. Les cyanobactéries et les plantes sont les principaux responsables de la production d', utilisant les photons émis par le Soleil pour former à partir du et de l'eau des molécules organiques. Le méthane produit sur Terre a lui aussi une origine essentiellement biologique. C'est la combinaison de méthane (gaz réducteur) et de dioxygène(gaz oxydant), situation chimiquement instable, qui témoigne de la production simultanée de ces deux gaz, caractéristique d'une activité biologique.
Note : L'ammoniac , produit également de manière biologique (et dans les mêmes proportions), pourrait jouer un rôle (gaz réducteur) similaire à celui du méthane. Néanmoins, l'ammoniac est présent en très faible quantité dans l'atmosphère terrestre car il est facilement photodissocié par le flux UV. Il existe d'ailleurs un certain nombre d'autres "biomarqueurs" de l'activité biologique terrestre comme les oxydes d'azote (), les chlorofluorocarbures (gaz CFC) ... mais qui sont (pour un certain nombre de raisons) à priori présents en trop faibles quantités pour être détectés dans les années à venir par des techniques de spectroscopie.
On notera enfin qu'il existe un certain nombre de processus abiotiques (e.g. non-biologiques) qui dépendent d'un grand nombre de paramètres et qui sont susceptibles de biaiser la présence de tel ou tel biomarqueur. Finalement, c'est surtout le déséquilibre chimique dans l'atmosphère (présence de l'oxydant et du réducteur sur Terre) qui semble être un bon indicateur de présence de vie.
Les planètes effectivement habitées ne représentent (à priori) qu'une fraction des planètes habitables. Comment peut-on observer de l'eau liquide à la surface d'une exoplanète ?
Dans les décennies à venir, il semble raisonnable d'espérer que les premières observations spectroscopiques de planètes telluriques dans la Zone Habitable seront réalisées. Il sera alors possible d'y confronter les notions présentées dans ce cours et ainsi très probablement de les mettre à jour ...
Voici quelques questions pour tester vos connaissances. À chaque question, il n'y a qu'une seule réponse possible.
Difficulté : ☆ Temps : 10 minutes
Lorsque deux étoiles sont suffisamment proches qu'elles orbitent autour d'un barycentre commun, on dit qu'elles forment un système d'"étoiles doubles" ou d'"étoiles binaires". Les systèmes d'étoiles doubles sont communs dans notre galaxie, puisqu'environ 1 planète sur 2 se trouve dans un système d'étoiles binaires.
De nombreuses planètes ont déjà été détectées autour d'étoiles doubles. On propose dans cet exercice d'explorer l'habitabilité des planètes orbitant de tels systèmes.
La première catégorie de planètes présentes dans les systèmes binaires représente les planètes ayant une orbite circumbinaire. Ces planètes orbitent autour des deux étoiles à la fois.
Soit un système binaire composé de deux étoiles rigoureusement identiques. À quel système plus simple ce système est-il équivalent ? Estimez la position de la Zone Habitable associée, par rapport à un système composé d'une étoile seule. Estimez de même le changement pour le temps de synchronisation.
Soit maintenant un système binaire composé d'une étoile solaire et d'une étoile M de 0,3 masse solaire. Comparez la luminosité des deux étoiles. A quel système plus simple ce système binaire s'apparente-t-il ?
La deuxième catégorie de planètes présentes dans les systèmes binaires comporte les planètes ayant une orbite non-circumbinaire : ces planètes orbitent autour d'une seule des deux étoiles.
Donnez une condition pour que la stabilité orbitale d'un tel système soit assuré. À quel système plus simple ressemble alors le système ?
Quel est le risque - du point de vue de l'habitabilité de la planète - si l'étoile hôte est moins massive que l'étoile environnante.
Le but de ce projet est d'explorer les différents concepts de l'habitabilité présentés dans ce cours, en utilisant un modèle de climat interactif qui permet de simuler l'évolution accélérée du climat de planètes telluriques.
Le simulateur utilisé est une version 1-D du Modèle Global de Climat générique du Laboratoire de Météorologie Dynamique. Ce modèle est construit autour de nombreux processus physiques (radiatifs,thermodynamiques,hydrodynamiques, ...) qui permettent de représenter avec une bonne fidélité l'évolution du climat de planètes et exoplanètes. Ce simulateur 1-D assimile l'ensemble de la planète à une unique colonne atmosphérique composée de 25 niveaux s'étalant de 0 à 60km d'altitude. Il permet d'étudier des atmosphères de planètes composées d'un mélange variable de N,CO et HO.
Lien vers le simulateur : Modèle 1D
Plusieurs outils de visualisation de l'évolution de l'atmosphère simulée vous sont proposés :
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Bien qu’elle nous touche de très près, la notion de vie n’a jamais été clairement définie, ni dans l’histoire des sciences ni dans celle de la philosophie. Saint-Augustin disait du temps ce qu'on pourrait appliquer à la notion de vie : Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veux l’expliquer, je ne le sais plus (Saint Augustin, 354-430).
Voici, pour commencer, quelques tentatives pour définir le vivant.
Bien que l'on reconnaisse la vie quand on la voit, la définition de la vie est loin d'être être évidente. A ce jour, elle n’est pas la même pour tous les scientifiques. Au contraire elle est au centre d’un vif débat, qui implique scientifiques (surtout biologistes) et philosophes. Même entre biologistes la définition de la vie est controversée, et les génétitiens en donnent une définition différente des biochimistes. En effet, il est bien possible que la définition de la vie soit intrinsèquement liée au contexte spécifique dans lequel elle est formulée.
En conclusion, la définition de la vie est une problématique ancienne et controversée qui avait déjà commencé à l'époque d'Aristote. Cependant, dans le contexte de l’Astrobiologie, la question est loin d’être purement académique. Si on dépense des milliards d’euros pour aller sur Mars, c'est pour un objectif majeur : comprendre si il y a, ou s'il y a eu la vie sur Mars. De toute évidence, on sait qu'il n'y a pas de petits hommes verts sur Mars, mais y a-t-il la vie ? Si oui, quelle vie ?
Plus généralement, la vie est-elle un phénomène exclusif à la Terre ou bien y a-t-il d’autres endroits dans l’Univers où la vie s’est développée ?
Pour répondre à ces questions, il faut être clair : il faut définir la vie, pour effectuer des expériences permettant de chercher et de tester cette définition de la vie. Cependant, il faut trouver une définition suffisamment générale, tellement générale qu'on en arrive à une approche presque philosophique. L’enjeu est de définir la vie de manière à ce que cette définition puisse être utilisable dans certaines situations que nous n'avons jamais rencontrées sur Terre.
Différentes définitions de la vie ont été privilégiées dans l’histoire et dans la littérature, chacune d'entre elles privilégiant un aspect diffèrent. On verra ici les principales définitions, et les contre-exemples qui en montrent les limites. L’exercice nous aidera à trouver une définition générale applicable au contexte de l’Astrobiologie, et peut-être aussi, ou surtout, les limites à nos connaissances sur le sujet.
Définition : Reproduction de soi-même: la capacité d’un être vivant à assembler différentes [parties de matières premières / briques élémentaires] dans l’environnement, afin de les organiser et les transformer en sa copie conforme. G.-L. Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) fut le premier à reconnaitre à la reproduction un rôle central dans la définition de vie.
Problème : Presque immédiatement cette définition mène à un problème, car d'une part il y a des exemples faciles de choses vivantes qui ne peuvent pas se reproduire ou qui ne se reproduisent pas (exemple, les personnes stériles, les mulets, ...), et d'autre part il y a des exemples faciles de choses non vivantes qui se reproduisent (exemple: les cristaux).
Conclusion : Cette définition est nécessaire mais non suffisante.
Définition : Du grec μεταβολισμοχ = changement, transformation. Un être vivant consomme de l'énergie et la transforme. En biologie, le métabolisme est un terme général désignant toutes les réactions par lesquelles les cellules d’un organisme produisent et utilisent l’énergie, maintiennent leur identité [homéostasie], et se reproduisent.
Problème : Cette définition aboutit également à un problème. Par exemple les flammes sont des êtres vivants selon cette définition ! Ou une locomotive, qui transforme de l’énergie en mouvement.
Conclusion : Cette définition est nécessaire mais non suffisante.
Définition :Le continuel ajustement des relations internes aux relations externes. Une variante de cette définition est la suivante: les êtres vivants sont des systèmes qui ont tendance à répondre aux changements de leur environnement de façon à promouvoir leur propre pérennité.
Problème : Plusieurs exemples montrent les limites de cette définition : des programmes d’ordinateur peuvent s’adapter à l’environnement, des plastiques peuvent se raccourcir avec la chaleur, des mammifères peuvent commettre un suicide...
Conclusion : Cette définition est nécessaire mais non suffisante.
Définition : On pourrait définir la vie par la somme de trois aspects précédents.
Prolème : La flamme possède les trois caractéristiques, mais elle n’est pas une être vivant ! En outre, ils existent des organismes vivants qui montrent le phénomène dit cryptobiosis (du latin: vie cachée) : la vie s’arrête pour une période limitée. Des exemples faciles sont les graines des plantes ou des œufs de certains crustacés. Il y a aussi des exemples plus complexes : des petits animaux marins nommés tardigrades qui ne sont pas vivants jusqu’à ce qu’ils ne soient en contact avec de l’eau. On parlera de nouveau de ces animaux plus avant.
Conclusion : Cette définition, également, n’est pas correcte. De plus, tout ceci nous montre l’autre variable du problème, souvent oubliée: l’échelle de temps.
Les derniers 50 ans ont vu la révolution de la biochimie et de la génétique, avec une compréhension beaucoup plus avancée de la vie au niveau moléculaire. La question de la définition de la vie s’est alors déplacée au niveau moléculaire. Là aussi les opinions sont partagées et les définitions proposées privilégient des aspects complémentaires. En effet, les mêmes définitions liées à la capacité de se reproduire ou de métaboliser ou de s’adapter sont appliquées au niveau moléculaire, avec des limites similaires à celles que nous avons déjà discutées ci-dessus. De plus, il apparaît le concept de transmission de l’information génétique, une variante de la question de l’évolution à l'échelle moléculaire.
Définition : du matériel génétique qui assure la transmission de l’information, et les variations qui donnent lieu à l’évolution.
Problème : Evidemment, une telle définition est exclusivement basée sur la notion de vie sur Terre et, en plus, elle ne considère que l’échelle de la vie humaine. De plus, définir la vie sur cette base est aussi discutable et discuté pour plusieurs raisons. En premier lieu, la découverte récente que le monde de l'ARN (acide ribonucléique, l'une des molécules de l'information avec l'ADN) est probablement antérieur au monde de l'ADN (acide désoxy-ribonucléique) et des protéines. En outre, l’exemple que certains programmes d’ordinateur pourraient être considérés vivants selon cette définition en montre aussi ses limites.
Conclusion : Encore une fois, cette définition identifie un aspect important mais pas unique de la vie.
En somme, beaucoup de définitions de la vie ont été proposées au fil du temps, mais aucune ne semble tenir compte de tous les aspects que la caractérisent. Ils donnent plutôt une liste de conditions nécessaires mais pas suffisantes. Même en regardant la question du point de vue moléculaire on n’arrive pas à trouver une définition complète et acceptable. Après tout, les molécules des êtres vivants ne sont pas vivantes, même si la vie a une base moléculaire. C’est l'organisation complexe des molécules qui fait une cellule, et la vie.
Nous ne sommes pas arriver à définir la vie, mais cependant nous avons compris une chose : toutes les cellules et formes de vie nécessitent trois choses: matière, information et énergie. Ce n’est pas un point final /d’arrivée mais au moins c'est un point de départ.
Tous les organismes vivants, des bactéries aux hommes, sont formés par les mêmes composants de base : acides aminés, acides gras [, alcools] et bases azotées. On parle en tous d’environ 50 “petites” molécules de moins de 100 atomes de carbone (C), hydrogène (H), oxygène (O), azote (N), soufre (S) et d’autres éléments en quantités plus faibles. La composition en structures plus grandes (protéines, glucides, acides nucléiques et lipides...) est à la base des différences entre les organismes, d’un point de vue chimique.
En effet, l’élément indispensable dans toutes ces molécules est le carbone. C’est pour ça qu'on dit que la vie sur Terre est basée sur la chimie du carbone. Ce n’est pas par hasard. Il y a deux raisons, relativement simples.
La structure électronique des atomes de carbone permet de former de longues chaînes d’atomes, des chaînes de carbone qui se lient aux autres atomes d'hydrogène, oxygène, azote... Évidemment, plus la chaîne d’atomes est longue plus d'informations peuvent être transmises. Comme on l’a vu dans la section précédente, la transmission de l'information est un élément essentiel à la naissance de la vie.
Le carbone n’est pas le seul élément avec une telle structure électronique. Le silicium (Si) et le germanium (Ge) ont la même structure électronique et, donc, la même capacité des atomes de carbone de former de longues chaines. Mais le silicium (et Ge, Sn...) dans l’Univers a une abondance au moins 10 fois plus faible que le carbone et, en plus, il est piégé dans les roches (donc, pas facile de l’utiliser pour former des molécules !).
Une autre caractéristique de la vie sur Terre est la présence d’eau. En effet, toutes les formes vivantes (sur Terre) sont formées en majorité d’eau. Par exemple, la bactérie Escherichia coli, qui se trouve en grande quantité dans l’intestin des animaux à sang chaud, contient 70% d’eau. Le corps d’une méduse est fait de 94–98% d’eau. Les plantes contiennent jusqu’à 90% d’eau et le corps humain contient 60–70% d’eau. Evidemment, toutes les formes vivantes (sur Terre) ont besoin de l’eau. Il y a également des raisons précises à cela.
En premier lieu, les molécules d’eau facilitent ou permettent les réactions chimiques qui forment les grosses molécules. Elles constituent un catalyseur formidable. En second lieu, l’eau permet par hydrolyse de l’ATP (Adénosine Tri-Phosphate) de fournir l’énergie aux organismes vivants.
La vie sur Terre se développe dans un intervalle de température relativement limité, principalement lié à l’intervalle d’existence de l’eau sous forme liquide.
Etudier comment les organismes survivent dans les environnements extrêmes sur Terre nous renseigne sur la potentialité de la vie à se développer dans des environnements similaires extraterrestres (planètes, satellites, comètes...). Ces organismes sont appelés extrêmophiles et font l’objet de recherches intenses depuis environs une trentaine d’années.
Le tableau ci-dessous liste la nomenclature associée aux organismes, en fonction de leur intervalle d’existence et la figure montre l'intervalle des températures où les organismes survivent.
PSYCHROPHILES | -10 ÷ 20 °C |
PSYCHROTROPHES | 0 ÷ 30 °C |
MESOPHILES | 10 ÷ 50 °C |
THERMOPHILES | 40 ÷ 70 °C |
HYPERTHERMOPHILES | > 80 °C |
Les organismes (en fait, des microorganismes) aux deux extrêmes de la distribution en température sont des extrêmophiles. Il faut noter que des extrêmophiles vivent et se reproduisent dans des conditions extrêmes par rapport à d’autres paramètres que l’intervalle de température: les milieux acides, alcalins, hypersalés ou sous hautes pressions, ou encore dans les rochers ou environnements secs.
Avant de décrire quelques exemples spécifiques d’extrêmophiles, il est nécessaire de rappeler que les êtres vivants sur Terre sont classés en trois grands groupes, comme montré dans la figure : Archées, Bactéries et Eucaryotes (plantes, animaux...).
En effet, la biomasse terrestre est constituée à 90% de microorganismes (bactéries et archaea) que l’on connaît très peu (parce que la plupart de ces microorganismes sont difficiles à cultiver en laboratoire). On reviendra sur ce point dans les prochains chapitres. Pour le moment, il faut bien prendre en compte que les Archées n’ont été découverts qu’en 1997 par Carl Woese et ses collègues, en étudiant la séquence de l’ARN de certains microbes (M. bryantii) qui vivent dans une atmosphère sans oxygène moléculaire mais riche en hydrogène et monoxyde de carbone.
Cette figure montre les microbes M. bryantii, les premiers Archées découverts il y a environ 30 ans. A l’époque, ils avaient été catalogués comme bactéries. Carl Woese, découvreur des Archées, a reçu le prix Crafoord (équivalent du prix Nobel) en 2003.
Les archées vivent surtout dans le fonds des océans, comme cela est montré dans la figure, où la température de 90% de l’eau est inférieure à 5°C (entre -1 et 4°C). Donc, l’écrasante majorité des microorganismes marins vivent et se reproduisent dans des environnements froids : ces conditions ne sont extrêmes que du point de vue humain ! Pour l’écrasante majorité des organismes vivants sur Terre les hommes sont des extrêmophiles !
La figure montre des colonies de bactéries (vertes) et d’archées (rouges) qui vivent dans les fonds des océans. En général, la majorité des bactéries et archées vivent sur les fonds des océans et très souvent en symbiose comme dans ce cas.
Définition : Un psychrophile est un type d’organisme adapté et capable de survivre à des températures froides, par exemple dans les mers polaires à - 50°C, les sols gelés ou dans les glaciers.
Exemple: Chlamydomonas nivalis, ou algue de la neige, commune en Amérique du Nord, Japon, Arctique, Patagonie, on la trouve à la surface de la neige.
Définition : Ce sont les organismes qui vivent et prospèrent à plus de 90°C.
Exemple: Le Pyrolobus fumarii a le record (jusqu’en 2008) des hyperthermophiles. Il a été découvert en 1997 dans un évent hydrothermal de fumées noires (« black smoker hydrothermal vent ») sur la ride médio-atlantique à 3,6 km de profondeur, à la température de 113°C (figure à droite).
Une souche trouvée dans l’Océan Pacifique a survécu jusqu’à 130°C.
Définition : Ces sont des microorganismes qui vivent dans plusieurs conditions extrêmes.
Exemple : Les Crenarchaeota sont les archaea les plus nombreuses dans l’environnement marin. Elles survivent aux deux extrêmes de l’intervalle de température : dans le même règne, il y a des psychrophiles ou des hyperthermophiles.
Le règne des crenarchaeota est particulièrement intéressant pour l’Astrobiologie pour plusieurs raisons :
Ces organismes vivent dans un intervalle de température le plus large connue, de 0 à 120°C.
Ils sont probablement les organismes les plus anciens qu’on connaisse : on pense qu’ils sont apparus sur la Terre il y a 3,5 milliards d’ années.
Ils se sont séparés du rameau commun très tôt dans l’évolution.
Ils sont plus proches de nous, les hommes, que des bactéries, du point de vue génétique. Donc les questions que se posent les scientifiques sont : sont-ils les premiers organismes vivants sur terre? Sont-ils présents dans d’autres mondes?
Un tout dernier exemple d’extrêmophile est celui des tardigrades, les extrêmes des extrêmes. Les tardigrades (“qui marchent lentement”) sont de petits animaux de 0,1-1,5mm qui vivent dans l’eau, découverts en 1773. Ils se trouvent partout, dans l’Himalaya et dans les fonds des océans, aux pôles et à l’équateur.
Surtout ils survivent de -273 jusqu’à 150 °C, ils survivent à des radiations UV 1000 fois plus intenses que les autres animaux, et même dans le vide ! Ils peuvent se mettre en état de cryptobiosis et arrêter leur métabolisme pour dix ans : en pratique, ils deviennent de petits cailloux ! ... jusqu’à reprendre vie dans l’eau. Des échantillons de tardigrades ont été envoyés dans l’espace pendant 10 jours : au retour la moitié a repris vie et a produit des embryons !
Identifier les fossiles de ces animaux est difficile, mais des fossiles de tardigrades vieux de 500 millions d’années ont été trouvés.
Dans le cadre de l’Astrobiologie, il est important de comprendre comment se comportent les bactéries dans les conditions extrêmes de l’espace. Plusieurs expériences ont été réalisées à cette fin. Voici deux résultats intéressants.
en 2007, après un vol spatial les bactéries rentrées sur Terre se sont avérées plus pathogènes qu’avant. Les bactéries se sont adaptées à l’absence de gravité et à l’augmentation de radiations en mutant en espèces plus résistantes.
des expériences en 2001 et 2009 suggèrent que des bactéries (même non terrestres) existeraient à 40 km d’altitude. Mais ces résultats sont très controversés.
Le terme panspermie vient du grec παν=tous + σπερμα=graine et désigne la théorie selon laquelle la vie existe partout dans l’Univers, et elle a été initiée sur Terre par des organismes venant de l’espace. C’est une vieille idée, déjà formulée 500 ans avant Jésus, et reprise en 1700-1800 par B. de Maillet, H.von Helmotz et Arrhenius. La version moderne de cette théorie est due à Sir Fred Hoyle et C.Wickramasinghe qui l’ont reformulée dans les années 1970.
Avant de décrire et critiquer la théorie panspermie de Hoyle & Wickramasinghe, il est intéressant de connaître Sir Fred Hoyle (dans la photo à droite), un des plus importants scientifiques du siècle dernier. En bref :
Il est, avec D. Flower (prix Nobel en 1983), le père de la théorie de la nucléosynthèse, laquelle explique l’origine des éléments lourds dans l’Univers (par exemple le carbone), synthétisés à l’intérieur des étoiles.
Il est le père de la théorie de l’Univers Stationnaire, la théorie rivale du Big Bang, aujourd’hui la théorie retenue. Mais jusqu’à la découverte du Fond Diffus Cosmologique (ou “fond fossile”) en 1965 (pour laquelle Penzias et Wilson recevront le prix Nobel en 1978) la théorie de l’Univers Stationnaire était aussi probable que sa rivale (mais plus belle du point de vue mathématique et philosophique).
C’est lui qui a expliqué la nature des pulsars (pour leur découverte, Hewish reçut le prix Nobel en 1974).
Etant donné la stature de son inventeur, Sir Fred Hoyle, on prendra l’exemple de la théorie moderne de la panspermie pour montrer comment le débat scientifique se déroule.
Description de la théorie : Cette théorie postule que les graines de la vie se sont formées sur les grains de poussière interstellaire. Les grains de poussière forment les comètes, les météorites et micrométéorites qui tombent sur la Terre, comme sur n’importe quelle autre planète de l’Univers, tous les jours. Donc, selon cette théorie, la vie sur Terre a une origine exogène et elle n‘est pas unique à la Terre. De plus, la différenciation des espèces vivantes sur Terre n’est pas due entièrement à l’évolution (darwinienne), mais à un programme génétique codé dans les cellules qui vient de l’espace.
Pour : les spectres des grains interstellaires montrent des signatures de bactéries.
Contre : c’est faux, les spectres ne peuvent pas donner une indication aussi précise, ils montrent seulement qu’il y a des molécules avec des groupes C-H, CH3 mais ils ne peuvent pas les identifier exactement. Elles peuvent être des molécules inorganiques relativement simples et pas forcément des microorganismes.
Pour : des bactéries ont été trouvées dans des météorites.
Contre : c’est faux, les résultats annoncés dans les années 90 n’ont jamais été confirmés par d’autres études, au contraire.
Pour : des spores et bactéries ont été trouvés dans l’atmosphère à 40 km d’altitude.
Contre : il semble probable qu’ils soient dûs à la contamination terrestre.
Si on regarde à la loupe les arguments en faveur de la théorie panspermie, ils ne tiennent pas la route... Donc, il n’y a aucune évidence que la théorie panspermie est vraie.
Une définition est nécessaire pour définir les bonnes expériences de recherche de vie au-delà de la Terre.
Trois conditions sont nécessaires : autoreproduction, métabolisme et adaptation. Mais il n’ y a pas encore une définition précise de la vie.
Elle est basée sur la chimie du carbone et la présence d’eau liquide, pour des raisons très précises qui ont à voir avec la chimie et l’abondance des éléments dans l’Univers.
L’écrasante majorité des organismes vivants sur Terre vivent et prospèrent dans des conditions extrêmes du point de vue humain. L’étude de ces organismes, dits extrêmophiles, est particulièrement importante pour comprendre s’il y a de la vie dans d’autres endroits de l’Univers.
Actuellement il n’y a pas de preuves qui puissent confirmer cette théorie.
Le concept infiniment riche de vie a donné lieu à de très nombreux développements philosophiques et scientifiques, à de nombreuses questions restées pour la plupart en suspens. Virus, théorie des systèmes vivants, intelligence artificielle, vitalisme et génération spontanée, ... Nous rencontrerons sur ces frontières du concept de vie, un être étrangement vivant, Gaïa 2.0, des cellules non vivantes, et une loi de la thermodynamique.
Doté d'un nom latin, le Physarum polycephalum est surnommé le blob , y compris par les membres de la communauté scientifique. Ni animal, ni plante, ni champignon, le « blob » est un curieux être rampant composé d'une unique cellule géante. Il se déplace, se nourrit, peut faire plusieurs mètres, il a 221 sexes, est immortel, découpable et peut entrer en état végétatif.
Il est capable d'apprendre et de transmettre ses apprentissages
C'est un organisme vivant mais qui ne semble avoir aucune place dans l'arbre du vivant.
L’hypothèse de Gaia suppose que les systèmes vivants interagissent avec les composants physiques du système terrestre pour former un tout autorégulateur qui maintient des conditions favorables à la vie. Développée initialement par James Hutton, puis J. Lovelock et L. Margulis, l’hypothèse tente de rendre compte des principales caractéristiques du système terrestre.
Aujourd'hui, cette théorie semble prendre corps quand l'étude du système Terre rapproche plusieurs disciplines, écologie, géologie, glaciologie, méteorologie, océanographie, paléontologie, planétologie, astronomie, voire sociologie, et économie.
Lire et commenter cet article de Sylvestre Huet "Gaïa 2.0":
"Pour un physicien, la vie est apparue sur Terre pour dissiper l’énergie solaire. Dès 1905, Ludwig Boltzmann, père de la mécanique statistique et grand admirateur de Darwin, écrivait: “la vie est une lutte pour l’énergie libre” (c’est-à-dire l’énergie qui peut être dissipée)."
Cette phrase vient du blog de François Roddier, un astronome et physicien français..
Lire et commenter les textes ci-dessous:
Des cellules presque vivantes (2006)
Pourquoi les cellules de Bénard ne sont pas vivants?
Ce chapitre s'attaque à l'une des questions les plus pregnantes en astrophysique, j'entends la présence de vie sur des planètes (ou autres corps célestes) autres que la Terre. Nous commencerons par étudier l'équation de Drake (ci-dessous) pour poser les bases de l'état de l'art en la matière de recherche de vie, puis nous passerons à la pratique avec les projets instrumentaux de recherche de vie (SETI). Enfin, nous nous attarderons sur notre Système Solaire et en particulier sur Vénus où des annonces ont pu laisser penser que la vie pourrait etre présente: nous allons voir ça !
Tout commence avec Frank Drake (ci-haut) en 1960 qui utilise le « Green Bank Telescope » (voir Figure ci dessous) pour observer deux étoiles proches (τ Ceti et ε Eridani) afin de chercher des signaux radios en provenance d’autres mondes. C’est le début du fameux projet SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence ou en français : Recherche d’intelligence extraterrestre). SETI a pour ambition de détecter des civilisations extraterrestres avancées (qui puissent émettre des ondes radios par exemple) autour d’autres étoiles que le Soleil. SETI se concentre donc sur des civilisations qui seraient plutôt dans notre Galaxie, capable d’émettre des signaux radios puissants (de type « prise de contact ») et à des longueurs d’ondes qui traversent notre atmosphère et le milieu galactique sans perturbation. Aujourd'hui, SETI est encore vivant (on peut dire qu'il passe dans son adolescence) et de nombreux télescopes procèdent à des observations dans ce cadre. L’étendue de longueurs d’ondes visées a été agrandie et maintenant certains télescopes scrutent aussi les signaux optiques (i.e., à des longueurs d’ondes plus petites que les ondes radios) en provenance d’étoiles de notre Galaxie pour espérer par exemple trouver des signaux de pulses lasers ou des éclairages extra-terrestres puissants.
Après les premières observations de Drake en 1960, une conférence de trois jours est organisée en 1961 au télescope « Green Bank » pour débriefer sur les résultats et planifier la suite du projet. Carl Sagan (voir image ci-dessous), astronome américain de renom, vulgarisateur hors pair, et fervent défenseur de SETI, est présent. Afin de guider au mieux les discussions, Drake gribouilla une équation toute simple au tableau qui deviendra à terme la sacro-sainte équation de Drake. Cette équation tente de remonter à , qui est le nombre de civilisations extraterrestres capables de transmettre des signaux électromagnétiques dans notre Galaxie. peut être défini comme étant le produit de facteurs « plus simples » à quantifier. Et c’est là toute la difficulté. Cela donne initialement l’équation de Drake qui suit avec 7 facteurs distincts :
où
Cette équation est souvent mentionnée comme étant la deuxième équation la plus connue en science, après , sans doute à raison. Elle inspire de nombreuses âmes de par le grand intérêt qu’ont les Terriens pour la vie extraterrestre. Elle fascine aussi par sa simplicité bien qu’ayant une signification profonde. Vous pouvez jouer avec les paramètres de l’équation en vous rendant ici (les paramètres ont des noms de variables différents mais ce sont bien les mêmes quantités dans le même ordre).
Pour simplifier, on peut voir que l’équation est la même que celle qui pourrait servir à estimer le nombre d’étudiants dans une Université. On a juste besoin de compter le nombre de nouveaux arrivants chaque année et de multiplier ce nombre par le nombre moyen d’années que passe un étudiant à l’université (disons 4 ans). Cela donne une bonne estimation du nombre d’étudiants à un moment t. C’est la même logique que suit Drake dans son équation. Les 6 premiers termes servent à estimer le nombre de nouvelles civilisations pouvant transmettre des signaux électromagnétiques dans la Galaxie chaque année et il ne reste plus qu’à multiplier par qui est le temps moyen pendant lequel ces civilisations émettent les ondes que l’on peut détecter. C’est donc une équation très simple. Si le résultat est petit alors SETI perd son temps. Si est assez grand, il faut pousser et chercher encore plus loin pour finalement détecter ces civilisations évoluées. Mais combien vaut ? Si vous arrivez à répondre à cette question, vous allez devenir très célèbre ! A vos crayons…
Pour terminer, voici une version imagée de l'équation de Drake qui permettra de s'en souvenir plus longtemps.
Cela fait maintenant plus de 60 ans que l’équation de Drake a été proposée. Depuis tout ce temps, des progrès considérables ont été faits notamment en termes de détections d’exoplanètes. On est passé de 0 exoplanète connue en 1960, à 1 en 1995 et à maintenant ~5000 exoplanètes découvertes et répertoriées (voir le catalogue exoplanet.eu qui recense les exoplanètes détectées presque en temps réel). Toutes ces découvertes aident-elles à raffiner notre connaissance du fameux , résultat de l’équation de Drake ? Inspirons-nous d’un article récent de Gertz (2021) pour tenter d’apporter une réponse prenant en compte l’état de l’art actuel en la matière.
1) : Une erreur dans l’équation originelle ?
Le premier facteur (le taux de formation d’étoiles de type solaire dans notre Galaxie) de l’équation de Drake apparait quelque peu bizarre. Le nombre de civilisations à un temps t ne dépend pas du nombre d’étoiles qui se sont formées l’année passée ou il y a plusieurs millions d’années mais plutôt du nombre total, à un instant t, d’étoiles qui peuvent être hôtes de planètes abritant la vie. Les échelles de temps sont très différentes d’un cursus universitaire et la métaphore expliquée précédemment ne tient pas quand il faut des milliards d’années entre la formation d’une étoile et la construction progressive d'une vie intelligente. On peut s’imaginer que le taux de formation d’étoiles actuel (que l’on peut mesurer) est très différent de celui d’il y a plusieurs milliards d’années.
Donc il apparait que ne devrait pas faire partie de l’équation de Drake. De plus, Drake ne considère que les étoiles de type solaire (i.e., analogues au Soleil), ce qui limite considérablement les possibilités. Il est vrai que les étoiles de type A, B ou O consomment leur carburant trop rapidement pour espérer trouver de la vie dans les planètes jeunes qui ont pu se former autour d’elles. De plus, ce type d’étoiles ne comprend que 1% de toutes les étoiles (i.e., c’est presque négligeable pour calculer le nombre total d’étoiles à un moment t). Cependant, les étoiles de type M (de l’autre côté du spectre, i.e. avec une faible masse de l’ordre de 0.1 à 0.5 masses solaires) représentent environ 75% des étoiles dans notre voisinage proche et il n’y a pas de raisons profondes de penser que la vie ne pourrait pas apparaître aussi autour de ce type d’étoiles. D’ailleurs, des travaux récents montrent qu’il y a en moyenne plus de planètes rocheuses situées dans la zone habitable des étoiles M que pour les étoiles similaires au Soleil (de type G). Il y a des exemples connus de planètes dans la zone habitable d’étoiles M, par exemple autour de Proxima du Centaure (notre plus proche voisine) ou de TRAPPIST-1 situé à 39 années lumières et possédant au moins 7 planètes dont 3 dans sa zone habitable. Ces détections montrent que la vie autour d’étoiles M n’est peut-être pas aussi fantaisiste que ce que l’on a pu en penser fût un temps !
Gertz propose de remplacer par , le nombre d’étoiles dans la voie Lactée et pour simplifier encore le travail des observateurs, et afin d’être le plus agnostique possible, il propose que chaque point de l’espace pourrait envoyer des signaux (e.g., des sondes interstellaires). Donc, plutôt que le nombre total d’étoiles à un moment t dans la voie Lactée, il faudrait plutôt prendre en compte le nombre de sources à un moment t ou le nombre de champs de télescopes possibles (e.g., les sources peuvent être extragalactiques ou provenant d’astéroïdes, …). Dans ce cas, si on travaille par pointage d’une multitude de champs et que l’on introduit , le paramètre peut être sorti de l’équation car n’est pas un taux de formation mais directement le nombre de sources possibles.
Pour ce faire, on peut imaginer que chaque point de l’espace est une source potentielle et donc il faut scanner tout le ciel en le divisant en différentes sections. Le champ de vue des télescopes est limité et par exemple en utilisant l’ATA (Le "Allen Telescope Array" de l'institut SETI) qui a un champ large, on a besoin de 14 000 images pour couvrir tout le ciel (en supposant que ce télescope peut être déplacé à différents endroits de la Terre). Si chaque image peut être faite en 10 minutes, cela fait que le scan complet peut être obtenu en 97 jours. Donc c’est compliqué mais faisable avec un télescope qui n’est prévu que pour cela. Pour des télescopes avec des champs de vue plus petits (mais aussi plus sensible), cela prendrait beaucoup plus longtemps (e.g., presque 400 ans pour Arecibo qui est maintenant démantelé suite à de nombreux dégâts occasionnés par des ruptures de câbles suite à 57 ans de bons et loyaux services).
L’idée qui émerge actuellement est donc d’abandonner le concept de cible (comprendre étoile) qui impose de faire des choix très peu justifiés (ou trop anthropocentrique) et de préférer une approche « mosaïque » ou l’on scanne tout le ciel champ après champ.
Difficulté : ☆ Temps : 15 min
Nous allons tenter de voir, à travers cet exercice, si l'on peut potentiellement améliorer les méthodes pour rechercher des signaux extraterrestres.
Calculer la surface totale du ciel en degrés carrés.
[1 points]
En sachant que le champ de Arecibo est de 7.2 arcmin2, calculez le nombre de pointages différents nécéssaires pour imager l’ensemble du ciel ?
[1 points]
Si chaque pointage prend 10 minutes, combien de temps faudra-t-il pour la recherche de signaux extraterrestres sur tout le ciel ? Est-ce faisable ?
[1 points]
Comment faire pour améliorer/accélérer la recherche de signaux extraterrestres ?
[1 points]
SETI lance aussi un programme dans l’optique pour pouvoir détecter des flashs de lasers. L’idée est que les lasers fonctionnant à plus grande fréquence que les ondes radios permettent d’envoyer plus de données par seconde (typiquement un million de fois plus) et/ou ils peuvent être utilisés par des civilisations extraterrestres pour projeter des vaisseaux à des vitesses relativistes. Quelle serait la différence entre un signal laser et le signal d’une étoile ?
[1 points]
2) : La fraction d’étoiles ayant des planètes
La fraction d’étoiles possédant des planètes était totalement inconnue en 1961 quand Drake a mis en place la première esquisse de son équation. Maintenant on a l’information et cette fraction est environ égale à 1, comme le montre les résultats de la mission Kepler (voir image) et des extrapolations des résultats obtenus par la méthode des microlentilles gravitationnelles (e.g. Cassan et al. 2012).
Cela signifie que l’on peut simplifier l’équation de Drake et sortir ce facteur. De plus, on néglige les satellites alors qu’il est possible que la vie puisse se développer sur ces derniers (par exemple dans un océan sous la surface), ce qui renforce encore plus cette simplification.
3) : Le nombre moyen de planètes par système qui sont de type terrestre et capable d’abriter la vie
Nous cherchons maintenant le nombre de planètes qui seraient rocheuses et dans leur zone habitable (i.e., la zone au-delà de l’étoile centrale où l’eau est sous forme liquide à une pression proche de 1 bar), ce qui était sous-entendu par Drake lors de l’écriture de l’équation. Par exemple, la zone habitable du Soleil se situe entre 0.7 et 1.3 fois la distance de la Terre (avec des calculs simplistes, i.e., Vénus peut parfois être incluses dedans dépendant de la complexité de la zone habitable que l’on modélise*). L’étude de Bryson et al. (2021) compile les résultats de la mission Kepler pour évaluer ce nombre pour différents types d’étoiles (plus l’étoile est chaude, plus la zone habitable est loin de l’étoile). Ils trouvent que les planètes ayant un rayon entre la moitié et 1,5 fois le rayon terrestre qui orbitent autour d’étoiles avec des températures effectives entre 4800 et 6300 K (i.e., incluant notre Soleil) sont dans leur zone habitable entre et fois par étoile (c’est une limite conservative, la limite optimiste étant entre 0.58 et 0.88 planètes habitables par étoile). De manière intéressante, ils estiment (avec un intervalle de confiance de 95%) qu’en moyenne l' exoplanète la plus proche de nous dans sa zone habitable autour d’une étoile G ou K serait à ~6 pc, et il devrait y avoir environ 4 planètes dans leur zone habitable autour de naines G ou K à moins de 10 pc de notre Soleil.
*Revenons quelques instants sur les calculs de zone habitable, i.e., la distance à l’étoile où l’on peut trouver de l’eau liquide**. Ce concept est loin d’être évident bien que sa définition paraisse simple au premier abord. En effet, pour faire un calcul propre, il faut prendre en compte la taille de la planète, la composition et la masse de son atmosphère, la masse de l’eau liquide en surface, ou même le volcanisme, ce qui peut faire de grosses différences sur la température finale de la planète et changer l’état physique final de l’eau (gazeux-liquide-solide). On voit bien que ça n’est pas qu’un critère de distance à l’étoile car la Lune par exemple n’est pas habitable. On fixe généralement dans la définition de l’habitabilité que l’eau de surface doit être liquide pour une atmosphère de type Terre (avec beaucoup de diazote, de vapeur d’eau et un peu de CO2). On voit bien que cela aussi peut poser problème car la Terre jeune qui était riche en CO2 a abrité la vie il y a au moins 3.8 milliards d’années alors que le Soleil n’avait que 70-75 % de sa luminosité actuelle. Une définition simpliste pousse donc la jeune Terre pleine de vie en dehors de la zone habitable avec des océans glacés. On sait que ça n’était pas le cas grâce aux données archéologiques et ceci à cause de la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère de la jeune Terre (qui n’avait pas encore de dioxygène). Mars qui est situé en dehors de la zone habitable telle que définie de manière simpliste a pourtant eu de l’eau liquide à sa surface grâce à une atmosphère bien plus épaisse qu’aujourd’hui. De plus, la définition usuelle ne prend pas en compte les océans liquides qui pourraient se cacher sous une surface gelée et être chauffés par l’intérieur (e.g., Encelade, un satellite de Saturne, pourrait être dans ce cas). Dans les atmosphères épaisses des planètes du Système Solaire (Vénus ou les 4 planètes géantes), il y a toujours une partie de l’atmosphère en altitude ou en profondeur avec une température clémente qui permettrait d’envisager le développement d’une certaine forme de vie, par exemple, bactérienne (mais rien n’est moins sûr). Il faut donc être attentif à la définition utilisée pour la zone habitable et prendre cette notion avec de grosses pincettes, mais il faut admettre que c’est très utile pour calculer des ordres de grandeurs, faire des choix pseudo-motivés, et discuter avec le grand public.
**Vous êtes en droit de vous demander : Pourquoi on veut de l’eau pour faciliter le développement de la vie ? Cela peut paraître à priori très anthropocentrique. C’est en effet un peu le cas mais pas que. La Terre est un cas particulier (ou unique ?) où la vie a pu se développer, donc il est bon de tester des modèles pour lesquels on est sûr que ça fonctionne avant de se lancer dans des hypothèses plus fantaisistes. De plus, il a été montré que l’eau est un bon solvant pour permettre de créer de plus grosses molécules (en particulier avec le carbone), nécessaires à la création des premières briques de la vie comme les protéines ou l’ARN. Enfin, pour le bon fonctionnement des cellules il faut absolument un solvant liquide pour permettre de « nourrir » les cellules et qu’elles puissent se déplacer à bon escient. L’eau est peut-être le seul liquide capable de faire cela. Pour le moment, il est impossible d’en être sûr. Il y a par exemple des lacs d’hydrocarbure liquide à la surface de Titan (éthane, méthane, voir Figure). L’ADN ou l’ARN ne peuvent pas survivre dans du méthane liquide mais des membranes peuvent se former et peut-être que d’autres formes de vie pourraient se développer. Il est très difficile de savoir quel mécanisme pourrait être à l’œuvre dans ces lacs d’hydrocarbures mais on a la chance d’avoir Titan à quelques encablures (à peine 1,5 milliards de km) de chez nous et de nombreux projets proposent d’aller voir ce qu’il s’y passe de plus près (sous-marins, drones, …).
Difficulté : ☆ Temps : 7 min
Comme on l’a vu précédemment, d’après l’étude de Bryson et al. (2021), il y aurait environ 4 planètes dans leur zone habitable autour de naines G ou K à moins de 10 pc de notre Soleil. Veuillez calculer le nombre de planètes potentiellement habitables autour de telles étoiles dans notre Galaxie.
[2 points]
Les études sur les exoplanètes ou dans notre Système Solaire sont une vraie aubaine pour raffiner nos connaissances, en particulier sur la présence de vie à l’extérieur de notre Système Solaire. Cependant, comme on l’a vu, la notion de zone habitable est quelque peu approximative, imparfaite et parfois fausse. S’il y a en effet de la vie dans les océans sous les surfaces gelées et/ou dans la haute atmosphère de planètes rocheuses (voir la dernière partie du cours), alors la notion de zone habitable n’a plus grand sens et l’on pourrait trouver de la vie même à grande distance d’une étoile, là où l’eau est pourtant glacée en surface. Les millions d’euros qui sont dépensés pour les missions en préparation qui cherchent à aller voir s’il y a de la vie sur Mars, Europe, Encelade ou Titan semblent, en effet, remettre en question la définition de zone habitable et tentent de montrer que la vie est plus universelle qu’on ne le croit. Auront-ils raisons ? Impossible à dire… Patientons !
Si notre concept de zone habitable est trop restrictif, il faudrait remplacer (le nombre moyen de planètes par système qui sont de type terrestre et capable d’abriter la vie) par le nombre de corps célestes (comme des planètes, lunes, comètes, astéroïdes, …) qui ont une atmosphère substantielle ou un solvant efficace en surface ou en dessous, qui sera bien plus grand que le originel. Dans le cas restrictif de zone habitable, on pourra prendre notre résultat comme étant une valeur inférieure.
4) : La fraction de ces planètes qui abritent de la vie au sens général du terme (e.g., bactérie, …)
Nous cherchons maintenant à voir ce que l’on peut dire de la fraction de planètes (ou lunes, astéroïdes, comètes, … que l’on inclura dorénavant dans notre nouvelle mouture d’équation) qui abritent la vie, aussi microscopique ou macroscopique soit-elle. Ce facteur est inconnu et les nouvelles missions dans notre Système Solaire cherchent à en savoir plus. La compréhension du développement des premières briques de vie sur Terre serait déjà d’une grande aide : mais même pour cela on ne sait pas grand-chose ! Les hypothèses les plus fréquentes sont que la vie a commencé dans de petites mares ou dans les profondeurs marines près de cheminées hydrothermales ou bien que la vie est arrivée de l’espace. De nombreux travaux essayent de voir quel chemin chimique pourrait être le plus à même de mener à la formation de protéines complexes, de l’ARN ou de l’ADN, mais il n’y a pas encore de voie fiable et de consensus dans la communauté scientifique. Ce que l’on sait, c’est que la vie a commencé tôt sur Terre, il y a entre 3.8 et 4.1 milliards d’années, i.e., quand la Terre n’avait que quelques centaines de millions d’années. L’examen de fossiles sur Terre montre qu’il y a 3,5 milliards d’années, il y avait déjà des microbes complexes faisant de la photosynthèse primitive, produisant du méthane ou le capturant, … Pour en arriver à ce stade d’évolution, la vie a due en effet commencer bien plus tôt.
Les observations astronomiques nous montrent que les molécules organiques sont présentes très tôt dans l’histoire de la formation planétaire. Par exemple, on en décompte déjà plus d’une centaine dans les nuages moléculaires jeunes qui vont ensuite former des étoiles et leurs cortèges de planètes. Il y a même des molécules prébiotiques (i.e. des précurseurs à la formation des premières briques de la vie : CH3NCO et HOCH2CN) qui ont été détectées prêt de protoétoiles (e.g., Ligterink et al. 2021). Il se pourrait donc que tous les ingrédients soient disponibles très tôt résultant seulement de la chimie naturelle. Les comètes et astéroïdes qui sont les restes de la formation planétaire montrent aussi la présence d’acides aminés. Par exemple, on a retrouvé 74 acides aminés différents dans la météorite Murchison qui s’est écrasée en Australie en 1974. Huit de ces acides aminés font partie de la biologie que l’on trouve sur Terre ! Comme l’eau sur Terre, on peut s’imaginer que la chimie organique provienne aussi des comètes et/ou astéroïdes, mais là encore, aucune certitude.
On peut aussi faire des expériences depuis chez nous, sans regarder le ciel ! Depuis la fameuse expérience d’Urey et Miller en 1952, on sait que la chimie complexe peut se développer à partir d’ingrédients relativement simples. Urey et Miller ont rempli des tubes à essais de molécules qu’ils supposent abondantes dans notre jeune Terre (l’eau, l’ammoniac, l’hydrogène et le méthane) et ont fait passer un courant électrique simulant des éclairs. Au bout de quelques jours, des acides aminés commençaient à s’accumuler dans le tube. L’expérience a été reprise de nombreuses fois avec différentes hypothèses et les conclusions sont toujours similaires. Par exemple, Sadownik et al. (2016) ont réussi à créer des molécules qui peuvent se reproduire à partir d’éléments chimiques simples. L’idée qui émerge de ces expériences en laboratoire est que le darwinisme pourrait être présent très tôt : les molécules entrent en compétition pour obtenir les ressources nécessaires à leur développement et les molécules qui s’en sortent le mieux peuvent se répliquer plus facilement. La réplication est parfois imparfaite comme on le voit par exemple avec l’évolution du virus du Covid-19 en une série de variants et cela amène à de l’évolution vers des systèmes parfois plus résistants.
Les missions spatiales de recherche de vie dans le Système Solaire pourraient aider à contraindre . Par exemple, si l’on découvre des bactéries sur Mars ou des satellites, il serait raisonnable de penser que est proche de 1 et que la chimie menant à des cellules autonomes n’est pas si rare. Dans le cas contraire, on pourrait penser que cette valeur est proche de zéro. Les missions spatiales prochaines les plus prometteuses sont celles en cours ou à venir sur Mars (e.g., Perseverance, ExoMars 2022, …), ou pour tenter de détecter la vie dans les plumes d’Encelade (projet de Breakthrough initiative en collaboration avec la NASA), ou des missions vers le satellite de Jupiter, Europe (Europa Clipper), qui pourraient à terme regarder s’il y a des restes de vie sur la surface gelée du satellite en provenance des retombées de geyser sur cette dernière (2025). Il est aussi prévu l’envoi d’un drone (de 450 kg, ou aérobot) en 2027 sur Titan (Dragon Fly, voir image) qui survolera plus de 150 km à la recherche de traces de vie (atterissage prévu en 2036). Rendez-vous en 2030-2040 pour tenter de contraindre de manière plus élaborée.
5) : La fraction des planètes abritant la vie qui a aussi une forme de vie avec une intelligence capable de transmettre des ondes radios, infrarouges ou des signaux optiques.
Là aussi, on a très peu d’aide pour quantifier de manière fiable. Certains pensent que les vies technologiques intelligentes sont très rares car par exemple sur la Terre, bien qu’elle ait abrité des milliards d’espèces, une seule répond à la définition. De plus, certains argumentent qu’il a fallu l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années (suite à un impact d’astéroïdes) pour que cela se produise. Notez que ce dernier argument ne tient pas forcément la route. Il est vrai que les mammifères n’auraient pas pu autant proliférer si les dinosaures avaient survécus, mais peut-être qu’une espèce de dinosaures aurait pu évoluer vers des sociétés collectives avec des individus ayant de plus gros cerveaux et pouvant construire des choses (car il paraît nécessaire de pouvoir interagir avec son environnement pour pouvoir avoir un impact et faire évoluer une technologie). Par exemple, les droméosauridés avaient de gros cerveaux pour leur taille et des avant-bras qui pouvaient saisir leurs proies. Ils sont apparus tard dans l’évolution des dinosaures mais peut-être que leurs bras auraient pu encore évoluer pour être capable de fabriquer des outils. Il y a aussi le Stenonychosaurus qui était plus petit qu’un humain mais avec un cerveau 6 fois plus gros que celui du crocodile avec des mains primitives. Peut-être qu’une de ces espèces auraient pu évoluer de manière à devenir intelligente au sens technologique du terme. Qui aurait parié sur les mammifères à cette époque ? Personne !
Il est vrai qu’il n’y a aucune autre espèce sur Terre qui ait évolué avec nous pour aussi produire de la technologie aujourd’hui (à part peut-être l’homme de Néandertal qui était bien parti mais qui a eu une fin tragique il y a quelques dizaines de milliers d’années). On peut par contre s’imaginer que si l’on venait à disparaitre, cela créerait de la place pour une autre espèce qui serait à même d’évoluer dans ce sens et de nous remplacer en quelques millions d’années. Les dauphins, baleines, ou oiseaux seraient de potentiels challengers mais la vie sous-marine crée peut-être des difficultés pour évoluer vers une civilisation technologique, ou alors le manque de pouvoir de préhension pourrait aussi poser problème. Frank Drake et Philipp Morrison ont proposé que les ratons-laveurs (voir image) pourraient être prometteurs pour prendre notre place. Ils sont omnivores, ont des mains agiles, ils chassent en groupe et présentent déjà de grands signes d’intelligence et d’adaptation (ils ont la plus grande densité de neurones du cortex cérébral des omnivores, environ 10 fois plus basse que la nôtre). L’expérience est difficile à réaliser bien que le changement climatique pourrait aider !
6) : La fraction de ces espèces intelligentes qui essayent de communiquer avec la Terre au moment des observations
Voyons maintenant comment estimer la fraction des espèces capables de communiquer avec la Terre et qui le font à un moment t. Il faut déjà bien voir qu’il peut y avoir des extraterrestres capables de communiquer avec la Terre mais qui ne le font pas car ils ne sont pas curieux, trop timides, ont des problèmes budgétaires, ont renoncé après moult échecs, ou même parce que leur religion (ou la tête de leur groupe) l’interdit, … Cela réduit drastiquement la valeur potentielle de , ce qui n’est pas pris en compte dans l’équation originelle de Drake. Il y a aussi la théorie de la forêt noire qui stipule que certains extraterrestres préfèrent se cacher une fois qu’ils sont technologiquement compétents pour éviter d’être attaqués par des (exo-)comparses plus évolués. Dans ce cas, on s’attend en effet à ce qu’il n’y ait aucune émission radio ou laser en provenance de ces étoiles et on peut aussi imaginer que ces derniers cachent même leur étoile hôte pour être totalement invisible depuis l’extérieur. On voit donc que ce facteur regorge de complications. Imaginons aussi qu’il faut être bien coordonné, i.e., si nous écoutons une étoile 10 minutes tous les 10 ans et que l’étoile en question n’émet vers nous que 5 minutes tous les cinq ans alors la probabilité de se croiser est très faible (à moins que les émetteurs extraterrestres aient la puissance pour émettre partout, tout le temps, ce qui requiert beaucoup d’énergie…).
D’un autre côté, il se peut que l’on détecte des signaux de présence de vie sans que ceux-ci aient été émis intentionnellement, ce qui aurait pour effet d’augmenter . Par exemple, on pourrait détecter des forêts, ou des lumières artificielles, ou des espèces chimiques en fort déséquilibre, ou des lasers qui servent à propulser des vaisseaux interstellaires, ou des structures qui émettent beaucoup d’énergie ou qui orbitent l’étoile centrale (e.g., sphère de Dyson ou des structures non naturelles comme des triangles ou autres formes géométriques, …). Ces technosignatures sont peut-être plus fréquentes qu’une communication intentionnelle ?
On pourrait donc remplacer le facteur par un facteur qui prendrait en compte ces technosignatures et donc serait la probabilité de détecter des civilisations avec une technologie poussée dans un certain champ donné de télescope. Des télescopes spatiaux fonctionnant en interférométrie dans l’optique seraient, par exemple, capables dans le futur de voir des lumières artificielles créées par les villes.
7) : La durée pendant laquelle la communication vers la Terre subsiste. Ou, de manière alternative, la durée de vie moyenne d’une civilisation extraterrestre.
est peut-être le paramètre le plus difficile à fixer car on ne le connait même pas dans le cas de notre civilisation, alors c’est difficile de le déduire pour les autres. Certains ont quand même tenté de mettre des chiffres sur cette valeur. Pendant la guerre froide, avec la vision pessimiste de l’essor et de l’usage des bombes atomiques, certains ont mis une valeur de ans. Certains pourraient aussi essayer de fixer cette valeur aux vues des dégradations environnementales, de la perte de biodiversité et surtout du changement climatique. Mais il y a aussi des optimistes qui défendent l’idée que l’humain s’adapte toujours et qu’il y a une constante marge de progression sur tous les domaines et que doit être très grand. Il est aussi possible que les autres civilisations ne soient pas aussi « sauvages » et « territoriales » que les humains et donc que soit plus grand pour eux que pour nous. Comme on l’a vu précédemment, les extraterrestres n’ont peut-être pas pour ambition d’envoyer des signaux (peut-être écoutent-ils paisiblement ?) mais cela ne veut pas dire qu’ils n’envoient pas des technosignatures que l’on peut détecter, et donc devrait plutôt être la durée pendant laquelle une civilisation est détectable par n’importe quel moyen. Peut-être aussi qu’il existe des civilisations de machines intelligentes qui peuvent s’auto-répliquer et/ou que des sondes pourraient subsister dans l'espace et continuer d'émettre même après l’extinction de la civilisation qui leur a donné naissance. Dans ce cas, n’a pas de sens. Mais, on peut se demander si ce type de civilisations « dans le cloud » rentre dans la définition de de l’équation de Drake ? Notez aussi qu’avec notre nouvelle définition de , qui se transforme en , n’a plus de sens. Cela pourra vous être utile pour l’exercice qui suit.
Difficulté : ☆☆ Temps : 20 min
Nous allons nous appuyer sur tout ce que l'on a appris lors de ce chapitre sur l'équation de Drake pour montrer où l'on en est aujourd'hui concernant la solution de cette dernière.
Si vous avez bien lu tout le chapitre, vous pouvez maintenant écrire une équation de Drake reformatée, prenant en compte nos nouvelles connaissances et corrigeant quelques légèretés historiques.
[3 points]
On va maintenant arbitrairement fixer (le nombre d’objets dans un système solaire qui abritent la vie) car sinon, SETI n’aurait pas de sens et cette quête serait vaine. On peut aussi voir que est maintenant inclus dans car si une civilisation a une technologie trop faible qui ne peut pas être détectée, alors cette civilisation est équivalente à un troupeau de brebis, i.e., leur technologie n’est pas suffisante pour être comptée et, si c’est suffisant, alors c’est déjà inclus dans . Aux vues des discussions sur , et si ça n’est pas déjà fait, on peut aussi le sortir de l’équation car n’est pas forcément corrélé à et peut être redondant avec . Écrire l’équation réduite que l’on obtient et commenter.
[2 points]
A la vue de cette équation simplifiée, pensez-vous que l’on puisse déterminer , i.e, le nombre de civilisations extraterrestres avec une technologie telle qu’on soit capable de les détecter depuis la Terre ?
[1 points]
Pensez-vous que l’équation de Drake soit utile finalement ?
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Votre appétit pour SETI a peut-être grandi lors de votre lecture de la partie précédente sur l’équation de Drake. Voyons maintenant quelques efforts récents menés en relation avec SETI. On va s’appuyer sur un article de revue par Jason Wright en 2021.
SETI au 21ème siècle, c’est d’abord des observations qui continuent. En 2020, il y a eu moult recherches en radio (à quelques GHz de fréquence) en pointant les radiotélescopes de GreenBank, et Parkes sur 1300 étoiles (Price et al. 2020). Il y a aussi des observations qui sortent de l’ordinaire, où l’on regarde la zone de transit de la Terre, i.e., les étoiles qui voient la Terre transiter devant notre Soleil, en espérant que ces derniers puissent nous détecter et donc soit plus enclins à nous envoyer des signaux (Sheikh et al. 2020). Il y a aussi les observations avec le télescope SETI home-made (appelé ATA) où les observateurs ont ré-exploré le champ du signal Wow ! : ce signal de 72s montré sur la figure ci-contre a été détecté le 15 août 1977 par le radiotélescope « The Big Ear » aux États-Unis – il n’y a pas encore de consensus sur l’origine du signal et l’hypothèse extraterrestre n’est pas encore totalement exclue. Plus de 100 h d’observations ont été dédiées à la recherche de répétitions de ce signal (qui est encore à ce jour le meilleur candidat potentiel). Toutes ces observations permettent d’avoir des valeurs supérieures de signaux extraterrestres sans avoir de détections concrètes pour le moment. Hippke (2020) a étudié l’hypothèse que le fond diffus cosmologique pourrait avoir été placé de manière intentionnelle au début de l’apparition de l’Univers en cherchant un message caché dans le signal.
SETI est aussi en train de développer de nouvelles technologies. La plus prometteuse est peut-être Pano-SETI qui va scanner tout le ciel en optique à la recherche de pulses lasers brefs (Brown et al. 2020). Le projet avance et les premiers télescopes tests ont vu le jour. Cela va permettre de scanner un espace des paramètres encore inexploré en termes de longueurs d’ondes et de timing. Comme les informations peuvent être plus condensées dans un signal optique, peut-être que cette utilisation est plus commune pour transmettre des messages ?
Il y a aussi maintenant le projet « Breakthrough initiatives » qui vient s’ajouter à SETI. C’est un projet en majeur partie financé par Yuri et Julia Milner qui est divisé en cinq sous-parties. 1) Breakthrough Listen dans lequel seront injecté 100 millions de dollars sur 10 ans pour chercher des signaux radios ou lasers en provenance d’un million d’étoiles. 2) Breakthrough message qui cherche à créer le meilleur message qui représente l’humanité et pourrait à terme être envoyé dans l’espace. 3) Breakthrough StarShot (co-fondé avec Mark Zuckerberg) qui prétend envoyer des myriades de sondes à voile solaire (voir Figure) vers les étoiles les plus proches à 20% de la vitesse de la lumière (coût : 100 millions de dollars). Chaque sonde ne pèserait que quelques grammes et ferait quelques centimètres. L’idée est d’envoyer environ un millier de sondes vers la même étoile à chaque lancement pour optimiser les chances. Chaque sonde disposant de ~5 caméras pourra retourner des images (un fly-by de la planète autour de Proxima Centauri est aussi prévu pour espérer résoudre quelques inhomogénéités de surface de la planète). Les sondes seraient propulsées par des lasers de 100 GW qui enverraient des photons énergétiques sur des voiles de quelques dizaines de mètres carrés pour les projeter à grande vitesse. 4) Breakthrough Watch qui souhaite caractériser les planètes rocheuses autour d’Alpha Centauri et d’autres étoiles proches. 5) Breakthrough Enceladus Mission explore l’idée d’envoyer une sonde vers Encelade (lune de Saturne) en partenariat avec la NASA pour rechercher des traces de vie dans son océan liquide situé sous sa surface glacée.
Difficulté : ☆ Temps : 15 min
Dans le projet « Breakthrough StarShot » listé ci-avant, il est évoqué l’envoi de sondes solaires se déplaçant à 20% de la vitesse de la lumière. Parlons un peu de cela...
Veuillez calculer combien de temps il faudrait pour atteindre l’étoile la plus proche de nous ?
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Il est prévu que les sondes prennent quelques photos (avec des caméras de 2 Mpx). Combien de temps après les prises recevront nous les données sur Terre ?
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Pensez-vous qu’il soit possible de mettre en orbite ces sondes solaires autour du système d’Alpha du Centaure (qui comprend l’étoile Proxima Centauri autrement appelée Alpha Centauri C) ?
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Plutôt que de pousser les sondes solaires à l’aide de lasers énergétiques qui ont un gros coût énergétique et environnemental, ne peut-on pas envisager une solution « plus naturelle » et meilleure pour la planète ?
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Pensons au cout énergétique de tels vaisseaux. Supposons que les voiles aient une masse d'environ 1g. Quelle est l'énergie (cinétique) nécessaire pour envoyer 1000 sondes à 20% de la vitesse de la lumière pour optimiser nos chances de réussite ?
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La quête de la vie dans notre système solaire se fait de plus en plus pressante, notamment pour répondre à la question plus générale de savoir s’il y a de la vie intelligente ailleurs dans l’Univers. Par exemple, récemment, il y a eu une annonce fracassante dans les médias concernant la potentielle présence de vie dans l’atmosphère de notre voisine Vénus. Qu’en est-il vraiment ? Nous allons passer en revue les résultats scientifiques de quelques études menées sur le sujet et vous allez ensuite conclure par vous-même quant à la possible présence de vie sur Vénus.
La communauté scientifique s’interroge beaucoup sur cette nouvelle publication qui présente une détection de Phosphine dans les nuages de Vénus. Est-ce réel, et si ça l’est, est-ce que cela veut effectivement dire qu’il y a de la vie sur Vénus ?
Rappelons que Vénus est la deuxième planète en partant du Soleil, située à 0.72 UA, entre Mercure et la Terre. C’est une planète tellurique comme la Terre mais son atmosphère est 90 fois plus massive et composée à 96% de CO2. L’effet de serre y est très puissant et la température moyenne à sa surface est d’environ 464 degrés Celsius (737 K). Il fait plus frais dans les nuages qui peuvent atteindre des températures tempérées à une altitude entre quelques dizaines et 100 km. Mais n’oublions pas que le composé majoritaire des nuages est l’acide sulfurique, ce qui à priori ne paraît pas commode pour le développement de la vie. Cependant, ne soyons pas trop anthropocentrique et avançons plus loin. Il est vrai qu’à priori on ne s’attendrait pas à de la vie sur Vénus à cause de la chaleur étouffante mais plutôt sur Mars. En effet, la vie aurait pu y être présente dans le passé quand la planète était riche en eau, et c’est ce que compte aussi analyser le Rover Perseverance avec, e.g., l’instrument SuperCam que l’on a vu atterrir le 18 février 2021 dernier dans le delta martien du cratère Jezero. La gravité sur Vénus est très similaire à celle sur Terre car rappelons que Venus et la Terre sont très ressemblantes en termes de masse et rayon (presque jumelles).
Maintenant que les bases sont posées, je vous invite à consulter la figure ci-contre pour voir les résultats de la première étude qui est parue sur le sujet de la Phospine dans Vénus.
Sur la figure, on voit deux spectres (en noir) centrés sur une longueur d’onde proche de 1.123 mm obtenus avec - à gauche : le télescope James Clerk Maxwell en juin 2017 (JCMT situé à Hawaï à 4 km d’altitude) et – à droite : avec ALMA en mars 2019 (un ensemble d’environ 66 antennes situé à 5 km d’altitude dans le désert d’Atacama au Chili). Sans rentrer dans les détails, on voit qu’il y a l’air d’y avoir une chute du signal quand on se rapproche de 0 km/s sur l’axe des abscisses. Le rayonnement qui provient des couches profondes de Vénus que l’on observe dans le millimétrique semble partiellement absorbé à la longueur d’onde d’observation, proche de 1.12 mm. Cette absorption serait créée par un composé gazeux qui se situerait dans la haute atmosphère de Vénus et qui capterait les photons qui devraient, sinon, arriver jusqu’à nous.
Les auteurs de l’étude (Greaves et al. 2020) concluent que l’absorption est située au même endroit que la raie de phosphine (plus spécifiquement la raie de transition rotationnelle PH3 1-0 à 1.123 mm) et que ça doit donc être de la phosphine qui est dans la haute atmosphère de Vénus et qui crée ce signal en absorption. Les auteurs concluent aussi qu’il doit y avoir environ 20 molécules de phosphine par milliard de molécules (souvent écrit 20 ppb) d’air vénusien (en majorité du CO2) au-delà de 55 km d’altitude dans l’atmosphère de Vénus. La phosphine est détruite rapidement dans la haute atmosphère de Vénus (quelques heures) en interagissant avec les rayons UV provenant du Soleil et il faut trouver un mécanisme qui puisse en produire de manière durable pour expliquer cette détection (par exemple sur Terre, la phosphine est produite industriellement et est employée dans la composition des pesticides). On peut alors calculer qu’on a besoin d’un taux de production de molécules de phosphine par cm2 et par seconde pour obtenir 20 ppb de phosphine au-delà de 55 km. On peut en déduire le taux de production global de phosphine sur Vénus et on obtient ~3 kg/s ou tonnes/an.
Un autre papier par l’équipe des découvreurs (Bains et al. 2020) explique que la phosphine ne peut être produite à ce niveau de 20 ppb sans faire appel à des processus non-conventionnels comme par exemple de la vie microbienne dans les nuages de Vénus à haute altitude (55 km) où la température est plus clémente.
Suite à ces deux articles, la communauté scientifique s’est montrée quelque peu sceptique quant à la véracité de la détection de phosphine et son attribution potentielle à des formes de vie. De nombreux papiers ont fait état de certains doutes et nous allons en voir quelques-uns maintenant.
Il y a eu le papier de Villanueva et al. qui a été soumis directement au journal qui avait publié les résultats de Greaves et al. (Nature Astronomy) comme une réfutation des résultats (dont le titre est : « Pas de Phosphine dans Vénus », ce qui donne le ton). Ils montrent trois choses importantes : 1) Une raie de SO2 (un composant que l’on sait être présent en grande quantité dans les nuages de Vénus) est très proche de la raie de phosphine et la résolution spectrale des instruments utilisés ne permet pas de totalement les séparer, ce qui peut amener à de la contamination par le SO2 à la longueur d’onde d’observation. Ils vont encore plus loin et montrent que l’on peut en fait expliquer l’observation du JCMT en mettant 100 ppb de SO2, une quantité qui semble plausible aux vues d’observations précédentes qui montrent que le taux de SO2 peut atteindre 1000 ppb par endroit sur Vénus. 2) Si c’est vraiment de la phosphine, alors elle ne peut pas être à 55 km comme indiqué dans le papier originel mais doit se situer au-delà de 70 km (i.e., au-delà des nuages), ce qui pose alors de gros problèmes pour produire une telle quantité de phosphine alors que le taux de destruction devient beaucoup plus élevé car il y a encore moins de protection vis-à-vis des photons UV solaires. 3) Après une nouvelle analyse des données ALMA, Villanueva et al. arrivent au spectre bleu dans la figure de droite ci-contre.
Sur le spectre de droite corrigé par Villanueva et al., on ne voit plus d’absorption vers 0 km/s et la raie de phosphine qui produirait 20 ppb (en rouge) ne colle donc plus du tout aux données. La courbe en vert montre le nouveau niveau potentiel de SO2 qui pourrait expliquer les données (i.e. 100 ppb). Le niveau de SO2 semble cohérent avec les nouvelles données. C’est clairement une limite supérieure de SO2 que l’on obtient et non une détection.
Les auteurs d’une autre étude (Encrenaz et al.) ayant comme première auteure une astronome de l’Observatoire de Paris ont cherché une raie de phosphine à une autre longueur d’onde en utilisant un observatoire Hawaïen (dans l’infrarouge vers 10 microns plutôt que dans le millimétrique) pour pouvoir mettre une limite supérieure sur la quantité de phosphine grâce à cette nouvelle raie. Ils trouvent qu’il ne peut pas y avoir plus de 5 ppb de Phosphine sinon ils auraient détecté une raie dans l’infrarouge (et ils n’en détectent pas !).
Tout cela a poussé les auteurs de l’étude originelle à revoir leurs analyses initiales. Ils ont publié un nouveau papier revoyant leurs prédictions à la baisse. Il y aurait finalement 1 ppb de Phosphine plutôt que 20 ppb d’après les données ALMA. Ceci est plus en accord avec les résultats infrarouges et pourrait aussi être expliqué par des phénomènes naturels tels que la production de Phosphine par du volcanisme et/ou des éclairs sans faire appel à une vie microbienne.
Difficulté : ☆ Temps : 13 min
Qu’est-ce que l’aventure de la Phosphine sur Vénus montre sur le processus scientifique de revue par les pairs et la possibilité de mettre en doute de nouveaux résultats ?
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Une autre étude par Lincowski et al. (Février 2021) confirme qu’il semble en effet plus probable que les observations montrent en fait une raie de SO2 plutôt que de la phosphine. Un nouvel article de Snellen et al. montre que l’absorption de phosphine vue sur le spectre ALMA serait simplement un faux positif dû à la méthode utilisée pour extraire le signal (ajustement et soustraction des données avec des polynômes de degrés 12). Encore plus récemment, Thompson montre que cela pourrait aussi être le cas pour le spectre JCMT. Que pensez-vous alors de cette annonce fracassante de détection de phosphine potentiellement liée à une forme de vie microbienne ?
Les chercheurs sont encore en train de travailler sur le sujet. Comment pourrait-on aller encore plus loin et mettre toutes les parties d’accord alors que les observateurs originels maintiennent leur position (néanmoins après quelques ajustements non négligeables) et que la majorité des chercheurs semble toujours en désaccord ?
Cette épopée semble faire écho à ce qu’il se passe aussi avec 1I/ʻOumuamua, un objet interstellaire qui a traversé notre système solaire en 2017 et qui est affiché comme étant potentiellement une sonde extraterrestre (par exemple d’après le livre récemment publié par Dr. Loeb, chercheur à Harvard). Pouvez-vous en dire plus sur 1I/ʻOumuamua, cette polémique, et donnez votre avis ?
Tout ce chapitre montre bien que la recherche de vie va être épineuse et qu’il va falloir s’armer de patience et vérifier les résultats par plusieurs méthodes indépendantes avant de donner des confirmations objectives. Même si l’on reçoit la valeur de π jusqu’à sa centième décimale dans un signal radio ou un pulse laser, il faudra quand même être sûr de la provenance et que cela ne peut pas être le fruit du hasard (ça parait très difficile mais il faudra se poser la question et ne pas verser dans le non-scientifique et dans les théories du complot). A très bientôt pour de nouvelles découvertes !
pages_habit-setester/qcm.html
pages_habitabilite/emballement.html
Il y a 1,4 . 1021kg d'eau à la surface de la Terre.
La relation entre la pression atmosphérique et la masse de l'atmosphère peut se déduire de la loi fondamentale de la statique des fluides : .
On peut faire l'hypothèse (simpliste) que la capacité thermique massique de la vapeur d'eau est constante et vaut .
La chaleur latente de vaporisation de l'eau à Celsius est d'environ .
Question 1: On fera l'hypothèse que le Runaway Greenhouse est initié à partir de 0.95 Unités Astronomiques.
Question 2: On pourra estimer le temps nécessaire pour que la planète ait accumulé un surplus de flux solaire (par rapport au flux critique du Runaway Greenhouse) suffisant pour passer d'un état d'équilibre (entrée du Runaway) à un autre (sortie du Runaway). On pourra de ce fait utiliser la différence d'énergie (entre les deux états d'équilibre) calculée dans la question précédente.
On pourra faire l'hypothèse que la densité moyenne des couches chauffables (, soit essentiellement la croûte et la lithosphère) est de l'ordre de , et que leur capacité calorifique moyenne est de l'ordre de .
pages_habitabilite/moist.html
On pourra utiliser le taux d'échappement exprimé en moles/seconde.
On rappelle qu'il y a 1,4 . 1021kg d'eau à la surface de la Terre.
On pourra utiliser le rapport de mélange de vapeur d'eau dans la stratosphère issu du profil vertical de vapeur d'eau (figure -- 0.99 AU).
Le profil de vapeur d'eau à 0.95 UA (modèle 3D) correspond au dernier état d'équilibre de la Terre avant de passer en Runaway Greenhouse.
La stratosphère de la Terre à 0.95 UA (modèle 3D) est située au delà de 80 km comme l'indique le profil de vapeur d'eau.
pages_habitabilite/lowmass.html
Estimez la durée de vie de telles étoiles. On pourra utiliser cette courbe.
pages_habitabilite/exofinal.html
On rappelle que la luminosité L d'une étoile de la Séquence Principale est proportionnelle à sa masse au cube.
pages_drake/exo1drake.html
Une sphère complète mesure 4π steradian. Convertir ceci en deg2.
Il faudra passer d’arcmin2 en deg2 pour pouvoir répondre grâce au point précédent.
pages_drake/exo2.html
Prendre en compte la taille de notre Galaxie et extrapoler sa surface totale.
pages_drake/exo3.html
Relire chaque sous-chapitre associé à chaque paramètre pour voir si l’on recommande une adaptation basée sur des résultats de recherche récents ou si on recommande de fixer la valeur.
pages_drake/exo5.html
La pression de rayonnement des photons peut accélérer ou décélérer les sondes.
Pensez au Soleil...
L'énergie cinétique ne dépend que de la masse et de la vitesse.