Les découvertes successives de planètes dans le système solaire, puis autour d'autres étoiles s'accompagnent, à chaque fois, de la remise en cause de ce qui définit une planète, et donc du nombre de planètes. Pour ce qui concerne les exoplanètes, la question n'est pas réglée.
Le nombre de planètes a évolué dans l'histoire au fur et à mesure des connaissances.
En 2006, l'Union Astronomique Internationale va intégrer toutes ces découvertes pour donner une définition des planètes et créer la population des planètes naines avec, entre autres, Pluton et Ceres.
Ce texte est inspiré de la vidéo "1, 2, 3, Planète!"
En 2006, l'Union Astronomique Internationale (UAI) a défini les planètes du Système Solaire ainsi :
" un corps qui orbite autour du Soleil,
qui a une masse suffisante pour que sa gravité l’emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique sous une forme presque sphérique,
et qui a éliminé tout corps susceptible de se déplacer sur une orbite proche».
Les "petits corps", typiquement plus petit qu'une centaine de kilomètres, gardent leur forme primordiale (figure 1), alors que les corps plus massifs se déforment jusqu'à atteindre la forme d'équilibre qu'est la sphère, éventuellement applatie si le corps tourne rapidement sur lui-meme.
Une « planète naine » ne satisfait pas à la troisième condition. Pluton (figure 2) a ainsi perdu son statut de planète quand des centaines d'objets ont été découverts dans son environnement, faisant de lui un des membres de la "ceinture de Kuiper". De même, Céres est une planète naine qui appartient à la ceinture des astéroïdes.
Parcequ'on n'a pas accès aux informations qui définissent une planète, on ne peut transposer cette distinction et ces définitions aux planètes en dehors du système solaire. La Commission de l'UAI dédiée aux exoplanètes est en train de réfléchir à une définition des exoplanètes et rendra publiques ses conclusions le moment venu.
Il est d'ailleurs utile de rèfléchir à la pertinence et à l'utilité d'une définition. La phrase « ceci est (ou n'est pas) une exoplanète » peut donner l'illusion qu'on a saisi son essence.
Par exemple, il serait simple de dire qu'une exoplanète est un corps qui tourne autour d'une autre étoile que le Soleil. Mais on sait maintenant que certaines planètes ont été éjectées de leur système. Seraient-elles encore des exoplanètes?
On sait que les planètes du système solaire se sont formées dans un disque circumsolaire selon un mécanisme bien particulier, contrairement aux étoiles qui se sont formées par effondrement d'un nuage de matière interstellaire. On pourrait donc définir les exoplanètes comme les corps qui se sont formés selon ce même processus.
Les planètes formées dans un disque ont la particularité de posséder un noyau solide. Elles ont aussi une densité supérieure aux objets formés par effondrement d'un nuage de gaz interstellaire. Mais il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir si une exoplanète a un noyau solide.
D'autre part, entre 13 et 74 masses de Jupiter, les naines brunes ont une brève période durant laquelle ils émettent de la lumière avant de redevenir aussi inerte et invisible qu'une planète.
Il y a donc au moins deux logiques pour définir une exoplanète : à partir de ses caractéristiques physiques ou à partir de son mode de formation. Ces deux méthodes n'aboutissent pas à la meme définition.
On ne voit pas pourquoi privilégier une définition par rapport à l'autre, mais il y a toutefois un problème pragmatique. Quels objets mettre dans les catalogues d'exoplanètes ? Le problème est en plein débat. L'UAI n'a pas pris position sur ce sujet. Actuellement, la communauté des astronomes suit de fait la solution choisie par le catalogue de l'Encyclopédie des Planètes Extrasolaires qui s'appuie sur l'argumentation suivante.
Le scénario de formation des planètes du Système Solaire prévoit que l'histogramme de masses diminue continuement à partir d'une fraction de masse terrestre.
Dans le spectre de masses des compagnons stellaires de faible masse, on voit un creux autour de 25-30 masses de Jupiter (soit 0.02-003 masse solaire sur la figure). On suppose donc que ce spectre est la superposition du spectre précédent et de celui des objets formés, comme les étoiles, par effondrement d'un nuage de gaz. On choisi alors, par convention, d'appeler planète tout ce qui est à gauche du creux, soit à moins de 30 masses de Jupiter, sans limite du coté des petites masses (contrairement au cas du Système Solaire). On choisit une fourchette assez haute pour être sûr de ne pas éliminer des planètes de grande masse. Ce faisant on sait que statistiquement quelques « planètes » en-dessous de 25 masses de Jupiter sont en fait des naines brunes (objets formés comme des étoiles) , mais avec une probabilité faible.
Des discussions sont en cours pour savoir si, en plus du critère de masse, on pourra utiliser le spectre des objets pour distinguer une planète d'une naine brune. (développer un peu)
Quelle que soit au final la solution choisie, il y aura toujours des cas limites où on ne pourra pas décider s'il s'agit d'une planète ou d'une naine brune, ce qui relativise toute définition trop stricte.
Références :
Mordasini Ch. et al. 2012. Extrasolar planet population synthesis . IV. Correlations with disk metallicity, mass, and lifetime. Astron. & Astrophys. 541, A97
Schneider J. et al. 2011. Defining and cataloging exoplanets: The exoplanet.eu database. Astron. & Astrophys., 532, A79